De nombreux pays sont en train d'édicter plus de règles pour promouvoir la participation des femmes dans les processus de décision des entreprises. Les pays scandinaves ont été les pionniers. En Suède, la loi exige que 40% des équipes de pilotage des grandes entreprises soient des femmes. La France, qui accuse un grand retard dans ce domaine, est en train de le combler : la loi Coppé-Zimmerman exige qu'à l'horizon 2017 les grandes entreprises arrivent également à 40% de composante féminine. On peut penser qu'il y a un effet de mode, de mimétisme et d'opportunisme. Les politiciens font tout pour capter 50% des votants. Le management se féminise de plus en plus à travers le monde. Par ailleurs, même au niveau de l'entrepreneurship, le retard se comble. Beaucoup de femmes créent des entreprises qu'elles gèrent elles-mêmes pour la plupart. Il n'est pas question, ici de considérer les aspects définitionnels et épistémologiques : le management est-ce une science ou un art ? Ou une combinaison des deux ? Nous parlons ici d'aspects opérationnels. Les femmes gèrent-elles différemment des hommes ? Obtiennent-elles de meilleures performances ? Beaucoup de questions complexes nous interpellent. Car si elles obtiennent de meilleurs résultats, pourquoi se priver de leur contribution ? Mais une chose est sûre : il serait extrêmement difficile d'être compétitif par rapport aux nations qui mobilisent l'intelligence et le savoir-faire de leurs femmes alors que la moitié de la population d'un pays serait écarté du champ managérial. Y a-t-il un lien entre féminisation des managers et performances ? C'est la question la plus pertinente à notre thème. Il faudrait beaucoup de précautions lorsqu'on analyse un tel phénomène. Nous disposons de nombreuses études menées avec des méthodologies diverses. Mc Kinsey surveille régulièrement le phénomène des femmes managers dans toute l'Europe. De nombreux chercheurs mènent des études occasionnelles. Quelques différences dans les pratiques managériales sont souvent citées. Les femmes seraient moins directives et plus participatives. Nous avons là une caractéristique qui figure dans la vaste majorité des études. Ceci implique que les femmes soient meilleures dans l'utilisation du facteur-clé de succès numéro un de réussite des entreprises, à savoir la mobilisation et l'utilisation de l'intelligence de tous ses membres. En second lieu, elles gèreraient et trancheraient mieux les conflits au début avant qu'ils ne s'amplifient. Les hommes retarderaient le processus de décision beaucoup plus. Les ressources humaines gérées par des femmes considèrent qu'elles sont beaucoup moins stressées. Ceci compte énormément dans les processus de motivation. Par ailleurs, les femmes individualiseraient mieux leurs décisions. Elles ont tendance à moins généraliser leurs décisions et essayent de les adapter aux situations des personnes et aux contextes. De ce fait, elles sont plus pertinentes. Par ailleurs, les femmes ont tendance à prendre moins de risques. Ceci constituerait un avantage, mais parfois serait source d'inconvénients majeurs. Les nouvelles opportunités d'affaires nécessitent parfois des prises de risques importants. Si tel était le cas, alors les femmes obtiendraient de meilleures performances que les hommes. Plusieurs études (USA, Finlande, Australie, Europe) tendent à confirmer cela. Il y aurait une forte corrélation entre le pourcentage de femmes au niveau de la haute direction et des conseils d'administration et de surveillance d'un côté et les indicateurs de performance des entreprises de l'autre. Quelques rares études montrent une relation neutre. Par ailleurs, les TPE (très petites entreprises) gérées par les femmes ont 49% moins de faillite que celles gérées par les hommes. Ceci nous mène à la conclusion suivante : généralement lorsqu'on augmente la participation féminine dans la haute direction, les performances de l'entreprise s'améliorent mais quelque fois elles se situeraient au même niveau que celle à prédominante masculine. Ce qui impliquerait qu'il serait intéressant d'introduire de plus en plus des ressources humaines féminines dans les hautes directions de nos entreprises. A formation et expérience égales, il y aurait une forte probabilité que la situation s'améliore. Au pire elle stagnerait. Nous avons au niveau des entreprises publiques très peu de femmes managers. Une seule SGP est dirigée par une femme. La féminisation du management n'est pas la solution miracle à tous nos maux. Mais elle constitue une piste sérieuse à exploiter. Si les femmes écoutent mieux, développent plus et utilisent davantage les idées de tous les membres de l'entreprise, il n'y aurait point de secret pourquoi elles réussissent mieux. Les femmes son en train d'investir tous les segments de la société même si elles sont surtout plus présentes dans les services. La compétition ne peut être que bénéfique. Il faut donc songer sérieusement à donner leurs chances à ces milliers de femmes compétentes. De toute façon si on gère par les résultats transparents on aboutira à promouvoir les meilleurs. A ce moment-là, on saura réellement si dans notre contexte, les femmes seraient de meilleures managers. Analyser les choses factuelles Beaucoup de préjugés surgissent lorsqu'on évoque le rôle des femmes dans la sphère économique. Lorsqu'on considère la question on soulève toujours en premier lieu l'objection du chômage. Les femmes seraient à l'origine du chômage dans notre pays. Mais les données statistiques tendent à contredire cette ligne de pensée. Le taux de participation des femmes dans l'emploi en Algérie est très bas : moins de 18%. Il est de 50% en Scandinavie et de plus de 30% en Malaisie. Pourtant ces pays connaissent des taux de chômage beaucoup moins réduits que le nôtre. Le chômage est un paramètre qui résulte de nombreux facteurs dont les plus importants sont : l'insuffisance de l'investissement productif, l'inadéquation entre formation et emploi, l'absence de compétitivité des entreprises et le reste. Lorsque les femmes s'investissent dans le domaine économique, elles créent aussi de l'emploi. Dans les pays développés, 18 à 28% des entreprises sont créées par des femmes. Le nombre de créations s'accroît de 9,8% pour les femmes et de 1,1% pour les hommes seulement. Le rattrapage aurait lieu dans 25 ans si les tendances ne sont pas inversées. Le management féminin n'a pas livré encore tous ses secrets. Mais force est de reconnaître que nous avons là une piste très prometteuse. En féminisant en grande partie les équipages managériaux des entreprises nous avons une certitude et une forte probabilité. Nous serons sûrs de mobiliser plus de ressources humaines pour gagner la bataille du développement. En même temps, nous améliorons nos chances de booster les performances de nos entreprises.