Une étude sur l'entrepreneuriat féminin au Maghreb révèle qu'en Algérie, les statistiques sur les femmes chefs d'entreprise ne sont pas fiables. Cette étude a été réalisée par le cabinet Pro Act pour le compte de l'Association des femmes chefs d'entreprises du Maroc (Afem), dans le cadre du programme Invest in Med financé par la Commission européenne. Il ressort de cette étude que même si beaucoup figurent dans le registre du commerce, il n'en demeure pas moins que la majorité des prête-noms utilisés par leurs proches sont de l'autre sexe pour obtenir le registre du commerce. Cette situation de fait a été confirmée par la vice-présidente de l'Association des femmes algériennes chefs d'entreprise (Seve), Françoise Egli. Joint hier par nos soins, cette dernière a précisé qu'«effectivement, on ne peut pas avancer un chiffre réel des femmes qui sont propriétaires d'entreprises en Algérie... Nous-mêmes en tant qu'association, nous nous basons sur les chiffres communiqués par le Centre national du registre du commerce», a-t-elle expliqué. Toutefois, Mme Egli a précisé que «les données avancées par le centre ne reflètent pas la réalité», dit-elle, avant d'expliquer qu'«il s'agit souvent de prête-noms, nous sommes donc prudents quant à ces chiffres». Pour régulariser cette situation, la vice-présidente nous a affirmé que «l'association réclame depuis quelque temps l'élaboration d'une enquête sur cette question ; cette dernière devrait faire une évaluation de la situation et déterminer avec précision le nombre des femmes algériennes qui dirigent une entreprise». L'étude énonce que pour la Tunisie, la participation de la femme tunisienne à la vie économique a connu un développement rapide au cours des trente dernières années. Ainsi, la chambre des femmes chefs d'entreprises, qui comptait au début de sa création moins de 200 adhérentes, en compte aujourd'hui plus de 18 000. Bien entendu, les femmes gérant d'une part des entreprises employant plus d'une centaine de personnes et d'autre part des femmes ayant des micro-entreprises de deux personnes. Pour le Maroc, 33% des entreprises sont gérées par des femmes, elles sont surtout présentes dans le commerce et les services ; viennent après le BTP, les transports et la communication. Le taux de d'activité féminin au niveau du Maghreb reste très faible, à hauteur de 22% par rapport aux pays de l'Europe qui est en moyenne de 63%. Les taux d'emploi est en moyenne de 27% au Maroc, de 15,5% en Algérie et de 26% en Tunisie. Le taux de féminisation de la population active est concentré au niveau du service au Maroc comme en Tunisie dont le statut socioprofessionnel est majoré par les «aides familiales» au Maroc et par «les indépendants» en Tunisie. Cependant, en Algérie, le taux de féminisation de la population active est concentré au niveau de l'industrie. Une vue globale des données offre des reflets positifs dans la progression de l'emploi, avec une baisse continue du taux de chômage. Bien qu'elles soient peu actives, elles accusent un taux de chômage féminin plus élevé que celui des hommes, notamment en Algérie, puis en Tunisie. Cependant, le taux de chômage le plus faible est enregistré au Maroc qui est parvenu presque à la parité en termes de taux de chômage par sexe.