Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, était l'invité du Club Excellence Management et du MDI-Alger dimanche à l'hôtel El Aurassi pour faire le point sur les objectifs et les réalisations de son secteur devant une forte assistance d'hommes d'affaires et de journalistes. Il prendra le soin de replacer l'action du département qu'il dirige depuis 1999 dans un contexte de mondialisation et de conjonctures subies qui conditionnent aussi bien les stratégies que les résultats. L'économie sans frontière impose d'ouvrir au privé national et étranger les activités autrefois dévolues aux seules entreprises publiques et les déterminismes de politiques internationales déterminent les prix des produits pétroliers et miniers. L'Algérie doit faire avec. La stratégie du secteur, notamment celui des hydrocarbures, a consisté à développer, avec l'appui de grandes sociétés étrangères, l'amont pétrolier en prospectant et en mettant en production les gisements nouveaux. Les résultats obtenus sont, du point de vue du ministre, excellents puisque pas moins de 43 découvertes ont été réalisées durant ces 6 dernières années, souvent avec le concours de sociétés internationales qui y ont investi près de 10 milliards de dollars. La production de pétrole a pu être ainsi augmentée d'environ 4 millions de barils, relevant d'autant les recettes pétrolières du pays de surcroît favorisées par une hausse des prix qui n'a pas fléchi depuis pratiquement le début de l'année 2000. Les gros investissements effectués par Sonatrach et ses divers partenaires pour commercialiser des quantités de plus en plus grandes d'hydrocarbures (gazoducs alimentant l'Europe, infrastructure pour le transport de gaz liquéfié vers les USA, augmentation des capacités de chargement des pétroliers, etc.) ont permis d'augmenter sensiblement les exportations dont la valeur avait allégrement dépassé 40 milliards de dollars en 2005 dont seulement 4 milliards reviennent aux sociétés étrangères exploitant des gisements qu'elles avaient elles-mêmes découverts. Les recettes d'hydrocarbures promettent d'être encore plus importantes cette année. Selon Chakib Khelil, le challenge pour les années à venir va surtout consister à mieux centrer les entreprises et les filiales de son secteur sur leurs métiers de base afin de mieux les maîtriser et être en conséquence plus performantes. La recherche-développement, la réhabilitation de l'Institut algérien du pétrole, la réouverture de l'Ecole des mines d'El Abed, la bonne marche des agences de régulation nouvellement créées et autres actions de nature à dynamiser le secteur de l'énergie et des mines seront au centre de ses préoccupations. Une grande importance sera par ailleurs accordée au dessalement de l'eau de mer auquel les entreprises Sonatrach et Sonelgaz ont pris une part active et qui commence à donner d'excellents résultats de par leurs retombées à la fois économiques et sociales. Evoquant le secteur des carrières et des mines ouvert depuis l'année 2000 aux opérateurs privés, Chakib Khelil cite le chiffre de 2200 permis octroyés à des exploitants algériens et étrangers. Ce secteur qui faisait perdre de l'argent à l'Etat commence aujourd'hui à générer des recettes estimées à environ 2 milliards de dinars en 2005. Les questions posées à l'occasion du débat, notamment par Omar Ramdane et Réda Hamiani du Forum des chefs d'entreprise, avaient trait aux problèmes fondamentaux des choix stratégiques à opérer pour le bien du pays dans une conjoncture mondiale aussi trouble et sur laquelle l'Algérie n'a aucune emprise. Faut-il exploiter et vendre le maximum de nos disponibilités pétrolières et gazières ou, au contraire, ne serait-il pas plus judicieux de les préserver en prévision de leur raréfaction à l'échelle mondiale annoncée pour les 40 prochaines années ? Plutôt que de placer les réserves de change dans les banques occidentales qui les utilisent pour financer des recherches visant à substituer d'autres ressources énergétiques au pétrole et au gaz que nous produisons, ne vaudrait-il pas mieux injecter ces avoirs dans le développement économique du pays et l'émergence d'activités hors hydrocarbures ? Autant de questions clés pour lesquelles le ministre a estimé ne pas avoir de réponses suffisamment argumentées à donner, les éléments d'analyses (prix du pétrole à moyen et long terme, tendance de la demande mondiale, percée des énergies nouvelles, effets géopolitiques, etc.) étant pour le moins insaisissables.