L'Association des enseignants spécialisés pour handicapés auditifs (AESHA) regroupe les enseignants des écoles des jeunes sourds du Télemly, Mohammadia, Baraki ainsi que l'Association pour la consolidation et l'épanouissement du déficient auditif. L'AESHA, dont le siège est situé à l'école des jeunes sourds et muets du Télemly où nous nous sommes déplacés, a été créée en 2001 : « La situation des enseignants spécialisés pour handicapés est des plus déplorables », regrette la présidente de cette association Mériem Djebbar : « Nous sommes le parent pauvre du système de l'éducation nationale du point de vue de la formation, du recyclage et des salaires », ajoute-t-elle. Il faut savoir que l'école des jeunes sourds du Télemly accueille des enfants venant d'Alger et de sa périphérie. C'est une école mixte dotée de 2 dortoirs (réservés aux filles habitant loin), d'un réfectoire, d'une salle d'étude, de plusieurs classes et d'un cybercafé : l'endroit préféré des enfants qui se transforment en internautes, sous la houlette d'un enseignant, Mohamed Temmar, lui-même ex-élève de cette école. « La scolarité des enfants sourds débute à l'âge de 6 ans », précise la présidente de l'AESHA, elle-même enseignante d'enfants « et passe d'abord par un programme de démutisation, à travers lequel il apprend la parole et la lecture labiale. Ainsi grâce à des appareils spécifiques, il parvient à percevoir les sons, à lire sur les lèvres et à répondre ».Une période préparant l'enfant à la scolarité. Dans une classe de CP où nous nous sommes rendus, une dizaine d'enfants, livre ouvert sur la table tentent de lire, répétant les syllabes prononcées par leur enseignante via un micro relié à des casques posés sur leur tête. Seul bémol : un matériel complètement archaïque comme le souligne l'enseignante de cette classe, Lila Kessal : « Il est urgent d'équiper nos classes en matériel numérique sans fil. Limitées à 10 élèves par cours, les classes pourront alors accueillir plus d'enfants. » Tous les enseignants spécialisés rencontrés sur place insistent sur l'importance du pistage de la surdité chez l'enfant à la naissance et de la guidance parentale. « Un travail de proximité qui doit être effectué par chaque commune à travers une assistance sociale », souligne-t-elle et d'ajouter : « Dépistage, orientation et guidance parentale sont indispensables pour une bonne prise en charge de l'enfant sourd à un âge précoce au niveau des PMI, crèche... » A cet effet, l'AESHA prépare actuellement une journée de sensibilisation sur la condition des jeunes sourds.