Structure n A l'école du monde du silence de Télémly érigée en 1886, environs 150 élèves sont pris en charge, les uns en internat et les autres en semi-pension. Cet établissement spécialisé devait assurer l'intégration sociale et professionnelle des jeunes handicapés auditifs. Mais qu'en est-il en réalité ? Les éducateurs chargés d'adapter les contenus des programmes de l'enseignement primaire et moyen déplorent le manque de moyens et l'absence de formation unifiée au sein des écoles conçues pour ce genre de handicaps. Dans ce contexte, l'équipe pédagogique rencontrée sur place a largement mis en exergue le problème des manuels et autres outils pédagogiques ne répondant pas aux spécificités et exigences de cette catégorie. Au-delà du déficit enregistré en matière de livres scolaires, par le fait que le département de Benbouzid ne prévoit jamais de quota pour les écoles spécialisées, cet outil est loin de prendre en considération le fait que les sourds accusent un retard considérable en termes de mémoire auditive. Pour combler cette carence et retenir les faits, ils utilisent davantage leur mémoire visuelle, ce qui explique les difficultés rencontrées dans les matières aux notions plus ou moins abstraites telles que l'histoire et la géographie. Dans les premières années de scolarisation, les éducateurs sont chargés d'assurer aux enfants un enseignement spécialisé suivant un programme de démutisation élaboré par une équipe pluridisciplinaire. L'inscription tardive des enfants qui se fait généralement à l'âge de six ans fait que le programme de l'enseignement primaire prend environ 10 à 12 années au lieu de 6 et le résultat comme on l'imagine ne peut être aucunement satisfaisant. Curieusement, la démutisation qui doit préparer un sourd-muet à mieux aborder le monde de l'écrit et du savoir l'enferme plus que jamais dans le mutisme, déplorent les enseignants. Les raisons sont, manifestement, liées à la politique nationale dans la prise en charge des handicapés auditifs où l'on exclut, volontairement, le langage des signes au profit de la méthode vérbotonale qui pousse l'enfant à parler. Et pour cause, il n'existe pas un langage gestuel propre à notre dialecte ou un langage unifié pour tout le monde arabe. Au cours du programme de démutisation, l'enfant apprend à désigner tout ce qu'il voit en arabe classique, une manière de l'initier en douceur à aborder l'écrit, mais à continuer à vivre dans la mutité étant donné que l'oral en société est le dialectal.