L'association des sourds-muets de la daïra de Sidi M'hamed a été créée en 1981. Etablie depuis 1991 au 33, rue Hocine Belladjel (Télemly), elle a pour mission d'aider les jeunes sourds- muets à mieux s'insérer dans la société civile. En effet, quelque 250 sourds-muets sont rattachés à cette association qui tente, tant bien que mal, de leur apporter aide et soutien. « Nous distribuons des couffins de Ramadhan, organisons des colonies de vacances et des excursions pour ces adhérents », nous révèle Rachid Azzouz. « Le problème majeur auquel ces handicapés sont confrontés est le chômage. Les plus âgés d'entre eux qui n'ont jamais eu d'emploi, donc pas de retraite, vivent misérablement. L'aide de 1000 DA mensuelle octroyée par l'Etat reste très insuffisante. Quant aux plus jeunes, ils sont analphabètes à 70%. » Et de poursuivre : « Nous sollicitons régulièrement des entreprises afin de leur trouver un emploi, hélas tous nos efforts restent lettre morte. En désespoir de cause, certains sourds-muets se rabattent sur n'importe quel petit job, comme vendeur de cigarettes dans la rue ou gardien de parking. Cette frange de la population est complètement méprisée et marginalisée. » Ferhat Houasse, président de cette association, lui-même sourd-muet, nous explique par l'intermédiaire de son secrétaire général, que n'étant pas considérés comme handicapés à 100%, les sourds-muets de cette association ne bénéficient guère d'importantes aides. « La plupart d'entre eux, précise-t-il, vivent dans le dénuement total. Certains sont même contraints à mendier pour survivre. » D'où le désir de se reconvertir en association des handicapés auditifs. « Les plus âgés parmi nos adhérents ont fréquenté dans les années 1950, des écoles pour sourds-muets en France (Saint-Etienne et Marseille principalement). Ils savent parfaitement lire et écrire et sont tous mariés et père de famille », nous confie le secrétaire général. Et d'ajouter : « Quant aux plus jeunes, ils arrivent à peine à déchiffrer les lettres. » Pour terminer, notre interlocuteur tient à lancer un appel pressant aux autorités : « Ce qu'on aimerait, c'est une aide concrète envers ces jeunes garçons et filles sourds-muets, une aide qui ne se traduira pas uniquement par des dons, mais par la création d'une école, d'un centre de formation et par le don d'un toit à ces personnes, qui seront ainsi mieux armés pour affronter la vie au quotidien. »