Mercredi matin, à 4h02, les habitants de l'Algérois ont été surpris par un tremblement de terre qui a semé la panique et réveillé les mauvais souvenirs de Boumerdès et de Chlef. C'était juste après le deuxième appel à la prière du sobh. Certains fidèles venaient à peine de franchir le seuil de la mosquée, ceux qui avaient pris le s'hour allaient se remettre au lit quand la terre s'est mise à trembler avec un craquement terrible. L'épicentre de la secousse d'une magnitude de 5,1 sur l'échelle de Richter est situé par les spécialistes à 4 km au nord-ouest de Hammam Melouane. Pour Amiche Brahim, président de cette APC, il se trouverait au lieudit Sidi Serhane ; mais pour le reste des gens contactés, il se pourrait que ce soit Magtaâ Lazreg, à cause de l'importance des dégâts matériels enregistrés dans cette zone. A 7h, M. Ouchene, le wali de Blida, s'est déplacé sur les lieux pour se rendre compte des dégâts. Au moment où il s'adressait aux citoyens, certaines personnes ont commencé à le huer et à exprimer leur colère. «Depuis l'indépendance, nous ne vivons que de promesses ! Aucun responsable parmi tous ceux qui se sont succédé ici à la tête de l'APC de Hammam Melouane ne s'est vraiment préoccupé de cette région. Nous sommes marginalisés. Personne n'entend notre voix. Il a fallu un tremblement de terre pour qu'on se rappelle que Magtaâ Lazreg existe !» M. Abdallah, adjoint du président de l'APC, demande aux habitants de cette commune d'aider la commission qui va passer pour recenser les dégâts causés par le séisme : «Nous demandons l'aide des citoyens pour que ladite commission puisse faire son travail dans de bonnes conditions. Tous ceux dont les constructions ont été endommagées vont être recensés. L'Etat fera le nécessaire.» Le président de l'APC nous informe que les quartiers de Hammam Melouane ont tous été touchés à des degrés différents. Ainsi, Magtaâ Lazreg a été endommagée à 90%, de même que Tahamoult, tandis que le centre de la commune, El Bordj et la Plâtrière ont été partiellement épargnés. Il rassure les habitants des zones sinistrées que la commune participera à la reconstruction de ce qui a été endommagé. Pour répondre aux doléances faites dans la matinée en présence du wali, il explique que la majorité des citoyens de ces zones ne possèdent pas d'actes de propriété, ce qui a retardé, jusqu'à ce jour, les projets prévus dans cette partie de la commune. Des répliques qui font peur A 13h50, au moment où les discussion allaient bon train, où les décisions se prenaient pour se rapprocher de tous les habitants de cette commune, dont les quartiers sont dispersés sur le flanc de l'Atlas blidéen, une réplique ébranle les bureaux exigus de l'APC, rappelant aux présents que tout n'était pas terminé. Le bilan partiel avancé par les représentants de la commune est de 400 habitations détruites à travers le territoire de Hammam Melouane et quelques blessés légers, qui ont été pris en charge par le service sanitaire. A ce sujet, les habitants de Magtaâ Lazreg, région isolée, déplorent l'absence de permanence de nuit au niveau de la polyclinique. Nous apprenons que le service est assuré pendant le jour, mais la nuit, il y a effectivement défaillance. «Le corps médical a tendance à se féminiser, nous explique un responsable du secteur, une femme médecin n'acceptera pas de s'isoler ici, surtout qu'il n'y a pas de logement de fonction…» «Si, se reprend-il, le logement est squatté par le parent d'un ancien maire qui n'a rien à voir avec le service et qui ne veut pas le libérer, bien qu'il ait bénéficié d'une habitation dans le cadre de la RHP.» Hammam Melouane est un endroit touristique d'une rare beauté, qui vit timidement entre les mamelons des hauteurs du parc de Chréa, loin de la foule des visiteurs. Un site qui mérite d'être connu ! Faut-il qu'un tremblement de terre le secoue pour qu'il sorte de sa torpeur ?