La mise en faillite de Detroit, joyau déchu de l'industrie automobile américaine, est l'occasion de «remettre la ville sur les rails», ont assuré hier les autorités du Michigan, face aux inquiétudes d'une partie des habitants de voir leurs indemnités de retraite coupées. L'ancien berceau de l'automobile triomphante du début du XXe siècle est devenue, jeudi, la plus grande ville américaine à se déclarer en faillite – dernier acte en date de la lente agonie de Motor City. Cette ville industrielle du nord des Etats-Unis a accumulé une dette vertigineuse de 18,5 milliards de dollars. A tel point que la municipalité n'est plus en mesure d'assurer l'éclairage public dans de nombreux quartiers et que seul un tiers des ambulances fonctionnent faute de moyens pour les entretenir. Le gouverneur de l'Etat du Michigan, Rick Snyder, a défendu cette décision, hier, tentant d'apaiser les inquiétudes des habitants. «Nous voulons rassurer les citoyens de Detroit : tout va continuer à fonctionner normalement», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse. Façade de l'Amérique triomphante du milieu du XXe siècle, Detroit offre à présent un paysage de désolation avec ses gratte-ciels désertés dans le centre, ses usines en ruine et ses maisons délaissées. Le lent déclin économique et financier de la ville est allé de pair avec une déchéance sociale qui s'illustre dans l'exode de ses habitants – Detroit a perdu la moitié de sa population en 60 ans. Et plus d'un quart de sa population, à 80% noire, vit désormais sous le seuil de pauvreté. Le taux de criminalité n'a jamais été aussi élevé en 40 ans et la police met en moyenne 58 minutes pour arriver lorsqu'elle est appelée contre 11 minutes au niveau national.