Le nouveau MAE égyptien Nabil Fahmy a annoncé hier l'«examen» de la rupture des relations diplomatiques avec Damas décidé par le gouvernement Morsi. Première bénédiction officielle arabe du renversement du président islamiste en Egypte. Le roi de Jordanie est arrivé hier au Caire pour la première visite d'un chef d'Etat étranger en Egypte depuis la destitution par l'armée du président Mohamed Morsi, dont les partisans restent mobilisés pour réclamer son retour au pouvoir. Abdallah II a été accueilli à son arrivée par le Premier ministre de transition Hazem Beblawi. Il doit effectuer une «courte visite», selon l'agence officielle égyptienne Mena. La Jordanie avait rapidement félicité les nouvelles autorités égyptiennes après la chute de M. Morsi, estimant que leur mise en place, après des manifestations de grande ampleur contre le président, répondait «à la volonté et au choix du peuple égyptien». Les Frères musulmans jordaniens, proches du mouvement islamiste dont est issu M. Morsi, avaient, en revanche, dénoncé une «conspiration» américaine. Cette visite survient dans un climat intérieur tendu en Egypte où le pouvoir fait également face à des inquiétudes à l'étranger sur l'évolution du pays. Recentrage Et c'est un soutien franc du royaume de Jordanie aux nouvelles autorités égyptiennes après que le secrétaire d'Etat adjoint américain, William Burns, et de la représentante diplomatique de l'Union européenne, Catherine Ashton, aient donné le la la semaine dernière. Auparavant, les Emirats arabes unis ont également envoyé une délégation gouvernementale de «haut niveau». Pendant ce temps, les nouvelles autorités du Caire essayent de changer leur point de vue sur certaines questions d'ordre géopolitique. A commencer par la crise syrienne. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement transitoire, Nabil Fahmy, a ainsi annoncé un «réexamen» de la décision du précédent pouvoir de rompre les relations avec Damas. Sans se prononcer formellement ou non sur une reprise de ces relations, il a semblé prendre des distances avec la politique de M. Morsi dans ce dossier, en affirmant que le Caire n'appelait pas au «djihad» contre Bachar Al Assad en Syrie. M. Fahmy a ajouté que la priorité de son action irait à «expliquer clairement et honnêtement» la situation qui prévaut en Egypte. Sur le terrain, des milliers de pro-Morsi étaient toujours présents hier sur deux sites occupés depuis trois semaines au Caire : les abords de la mosquée Rabaa Al Adawiya au nord-est de la ville et ceux de l'université du Caire, plus proche du centre-ville. «La volonté du peuple contre la force militaire» proclamait une banderole déployée à Rabaa Al Adawiya où les portraits de M. Morsi étaient omniprésents avec la mention «Notre président» ou «Président légitime». Vendredi, des dizaines de milliers de personnes, des partisans de Morsi, se sont rassemblées dans les différentes rues du Caire. Alors que le président par intérim Adly Mansour et l'armée mettent en garde contre la violence, les Frères musulmans, eux, leur dénient toute légitimité les accusant d'être issus d'un coup d'Etat militaire.