Hasna Becharia, une prestance, une élégance sur scène, une soul sister. Dont acte -Votre public est divers et mutiple. Y a-t-il une différence entre public en Algérie et à l'étranger? La seule différence c'est qu'en Algérie, les gens ne veulent écouter que Djazaïr Djohara (l'Algérie est une perle) : jeunes, vieux et enfants. Tout le monde la réclame ! Au Canada, les gens ont aimé. En France aussi, ils aiment le gnawa. La première fois au Cabaret sauvage en 1999, et à ma grande surprise, même les femmes occidentales sont entrées en transe. Il a fallu utiliser l'encens pour les réveiller. Il ne faut pas oublier que le gnawa du Maroc est connu en France, Amazigh Kateb aussi... -Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui se lancent dans la chanson gnawa ? Certains ont été irrigués par le gnawa (teskaw en arabe, ndlr). Ils ne peuvent plus s'en passer, qu'ils soient blancs ou noirs. Regardez, (elle montre la chanteuse Souad Asla, ndlr).Elle est habitée par le gnawa. Il y a tout un rituel à suivre pour devenir gnawi. Il y a toujours ceux qui suivent la mode. Ceux-là ne m'intéressent pas. Certains jeunes dès qu'ils connaissent un peu de gnawi mettent une calotte et prennent un gumbri et se disent gnawi. Je les encourage à aller se nettoyer, d'éviter l'alcool et la drogue. C'est fou, certains fument un joint, prennent deux ou trois bières prennent le gumbri et montent sur scène. Au bout de deux jours, ils te disent : «Je suis malade.» Que Dieu leur pardonne. -Vous avez dit, récemment, que vous préférez votre premier album au second. Pourquoi ? Le premier album, Djazaïr Djohara, a été réalisé à Taghit (Algérie). Le second, Smaâ Smaâ, entre Taghit et l'Italie. On a voulu quelque chose de traditionnel, avec gumbri et karkabou. La manageuse en France a voulu bien faire et l'a dénaturé. C'est un produit sans âme pour moi. -Y a-t-il un troisième album de Hasna? (Souad Asla, ndlr) Il y a un album en préparation avec Smaïl Benhouhou, un grand pianiste et arrangeur algérien. On est au stade de l'enregistrement brut. Je le coproduit avec lui. A ce propos, on souhaiterait avoir une petite résidence pour une dizaine de jours pour que le disque soit fait complètement en Algérie. Ce sera un disque 100% Hasna. Il y aura 13 morceaux. Mais la chanson-phare sera Zine nhar Elyoum. C'est une chanson qui vient de là (elle montre sa tête, ndlr). -Y a-t-il une relève de Hasna El Becharia? Il y a Souad Asla ! (elle a à son actif l'album Jawal, ndlr). Je lui ai même appris le gumbri. Elle doit juste passer par la Mhalla des gnawas que tient maâlam Brahim, l'élève de mon père, Mqaddam Salem, que Dieu ait son âme.