La mise à niveau des établissements hôteliers est un des fondements de la politique de développement du tourisme à l'horizon 2015 et qui vise à faire de ce secteur une activité principale de l'économie nationale de substitution aux ressources tarissables et un secteur créateur de richesses et d'emplois et source de devises. Parmi les insuffisances constatées dans l'exercice des activités touristiques, « il y a lieu de noter la dégradation des établissements hôteliers et complexes touristiques, nécessitant leur réhabilitation, du fait de la faiblesse de l'activité touristique durant les années difficiles qu'a connues le pays ». Ce constat sans appel est établi par Nourredine Moussa en personne, ministre du Tourisme, lors d'une rencontre nationale avec les exploitants des établissements hôteliers, les professionnels de l'hôtellerie, du tourisme et des voyages. Il leur rappelle la disposition de la loi n°99-01 du 6 janvier 1999 fixant les règles relatives à l'hôtellerie, qui fixe un délai d'une année, à compter de sa date de promulgation, pour se conformer à toutes les dispositions de cette loi. L'article 54 stipule : « Les établissements hôteliers doivent faire l'objet de classement en catégories conformément à des normes et modalités définies par voie réglementaire. » Une opération d'inspection répartie à travers le territoire national a été initiée dans le cadre de l'opération de classement pour s'enquérir de la situation réelle de chaque établissement. La création d'organes régionaux d'inspection vise à garantir un suivi permanent de l'opération de réhabilitation des établissements et du contrôle de la qualité des prestations offertes. Après la période de grâce et de sensibilisation, le ministère passe aux sanctions pour démontrer que son action n'est pas « une campagne épisodique » et que les pouvoirs publics entendent mener à terme cette opération. Il ne s'agit pas de sauver les apparences, mais plutôt d'apporter une réelle valeur ajoutée. Le ministre a été très clair sur ce point en donnant des instructions aux gestionnaires des hôtels et complexes touristiques : le secteur ne doit pas rater son examen de passage. Il faut en finir avec le bricolage car la situation ne peut plus durer. Il les exhorte à « prendre leurs responsabilités ». Une vingtaine d'hôtels à Alger est déjà fermée et 17 autres sont en attente d'une décision de fermeture pour « non-respect des conditions d'exploitation ». Ce coup de semonce balaie les hésitations de certains gérants ou propriétaires qui se sont lancés dans une véritable course contre la montre pour être dans les délais. Dans le but de régler les problèmes de financement, une convention avec le Crédit populaire d'Algérie (CPA) a été signée et qui donne des délais de remboursement plus lents et des taux d'intérêt plus intéressants que ceux accordés aux crédits commerciaux (durée de remboursement des crédits à long terme 10 ans et plus). Le CPA est un partenaire de longue date du secteur du tourisme : il a financé la construction de grands hôtels durant les dernières années, tels que le Sofitel Alger, le Mercure et le Sheraton Club des pins et celui d'Oran. Il se prépare également à prendre en charge le financement du projet d'hôtel de Marriott. Dans une communication, Bouchedjira Ahmed, directeur de la conception et de la régulation des activités touristiques au ministère du Tourisme, résume les enjeux : « La finalité de cette classification est multiple. C'est d'abord une mesure de contrôle. En effet, comme pour tout établissement recevant le public, les établissements hôteliers doivent être constamment soumis à des opérations d'inspection et de vérification des conditions de leur exploitation. Le classement permet une certaine unicité d'appréciation et une meilleure information du public/consommateur. Il permet, en outre, de s'adapter aux exigences du marché et stimule la concurrence et la recherche constante de l'amélioration de l'image de marque. » Le retard à rattraper est immense. Les statistiques le démontrent. Le parc hôtelier algérien est constitué de 1004 établissements totalisant 81 024 lits dont la majorité est dégradée et dépassant 20 ans d'âge, réduisant ainsi sa capacité d'accueil et nécessitant une mise à niveau. Le parc « classé » (de 1 à 5 étoiles), conformément aux anciennes normes, est de 200 établissements totalisant une capacité de 30 390 lits (près de 37% du parc) et répartis comme suit : 10 établissements 5 étoiles pour 4590 lits, 22 établissements 4 étoiles pour 3383 lits, 67 établissements 3 étoiles pour 14 857 lits, 59 établissements 2 étoiles pour 5245 lits et 42 établissements 1 étoile pour 2315 lits. Alors que le parc hôtelier « non classé » est de 804 établissements totalisant une capacité de 50 634 lits et représentant ainsi près de 63% du parc. A titre de comparaison, il faut savoir que la capacité d'hébergement touristique a atteint, en Tunisie, plus de 700 unités, soit 200 000 lits. La mise à niveau touche en fait deux volets, le premier matériel (réhabilitation des installations et rénovation et modernisation des équipements) et immatériel (formation et recyclage des personnels ainsi que la mise en place d'un plan marketing plus adapté aux spécificités des produits touristiques algériennes). Si la destination Algérie est considérée comme prometteuse, le manque d'infrastructures constitue un grain de sable dans la machine de la relance. L'hôtellerie 5 étoiles (tourisme d'affaires), d'où est générée la majorité des recettes du secteur du tourisme en Algérie, estimées à 173 millions de dollars, semble tirer son épingle du jeu, même s'il faut reconnaître que la prestation de service reste tout de même à parfaire. Ce type de tourisme a profité de la reprise de la croissance économique qui attire de plus en plus d'opérateurs à la recherche de contrats ou qui participent aux différentes manifestations économiques, telles que la Foire internationale d'Alger.