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Peine capitale pour les deux assassins
Procès des meurtriers de Haroun et Brahim à Constantine
Publié dans El Watan le 22 - 07 - 2013

La peine capitale pour Hamza Oubiri (21 ans) et Yamine Gouacem dit Mami (37 ans) pour enlèvement d'enfants, attentat à la pudeur sur mineur de moins de 16 ans et meurtre avec préméditation, et 10 ans de réclusion criminelle pour Bilel Zehaf, 27 ans, pour non-dénonciation de crime et complicité, tel est le verdict prononcé, hier en fin d'après-midi, par le tribunal criminel de Constantine. Auparavant, le procureur général avait requis la peine capitale pour les deux meurtriers des enfants Haroun et Brahim et la perpétuité pour le troisième individu.
Les trois mis en cause sont originaires de Constantine, résidant à la nouvelle ville Ali Mendjeli (daïra d'El Khroub). Le jour tant attendu par la population de la wilaya de Constantine et celle de tout le pays est enfin arrivé : celui du procès des trois individus impliqués dans l'assassinat des deux enfants, Haroun Boudeïra et Brahim Hachiche.
Ils ont été présentés hier devant le tribunal criminel de Constantine. Dès les premières heures de la matinée, une foule impressionnante a investi le parvis du palais de justice, sis au centre-ville, sous un soleil de plomb et une chaleur infernale. A 9h55, Brahim Drissi, le juge principal, pénètre dans la salle d'audience. Il s'assure d'abord de la présence de toutes les parties concernées.
Le greffier fera à son tour une lecture détaillée des 35 pages de l'arrêt de renvoi durant environ une heure. Le juge appelle ensuite à la barre l'accusé principal, Hamza Oubiri, inculpé pour enlèvement, attentat à la pudeur sur mineur de moins de 16 ans et meurtre avec préméditation. S'ensuivirent une série de questions-réponses sur les faits et le véritable mobile du crime. Le mis en cause, d'apparence calme, mais le débit rapide et la voix basse, raconte : «Ça s'est passé un samedi après-midi, le 9 mars 2013. J'ai rencontré Yamine à l'unité de voisinage UV19, il m'a demandé de lui prêter ma maison à l'UV 17 pour y passer quelques jours loin de sa famille avec laquelle il était en désaccord. Il avait l'habitude de séjourner chez moi quand il ne se sentait pas bien. Nous avons pris la route vers ma maison en passant par l'UV 18 vers 14h30, où nous avons vu les enfants en train de jouer.»
Des aveux difficiles à entendre
L'accusé marque un court silence, puis enchaîne : «Yamine a proposé que nous prenions les enfants avec nous pour passer le temps. Je me suis aussitôt approché d'eux, et je leur ai demandé de m'indiquer la route menant vers l'UV 17 où j'habite tout seul depuis plus de six ans, loin de ma famille.» Continuant son interrogatoire, le juge lui demande s'il a usé d'une arme pour persuader les enfants de le suivre, comme c'est noté dans l'arrêt de renvoi, et si personne n'a remarqué le manège ? «Non, j'ai prétendu que je suis étranger à la région et que je suis venu rendre visite à mon ami. Entre-temps, Yamine m'a précédé à la maison.» Et le meurtrier d'ajouter, avec une certaine audace : «Les enfants ‘rabi yarhamhoum' (que Dieu ait leur âme) m'ont accompagné jusqu'à la maison où j'ai trouvé Yamine qui m'a demandé, devant eux, de les faire rentrer pour se reposer un petit peu avant de les reconduire chez eux à l'UV 18.»
L'accusé a, par ailleurs, nié la plupart des autres accusations formulées à son encontre, notamment celles figurant dans l'arrêt de renvoi lors de la première étape de l'enquête.
Comme par exemple celle concernant les abus sexuels sur les enfants, en se justifiant ainsi : «J'étais sous l'effet des nombreux comprimés de psychotropes que Yamine a mis dans mon café ; j'ai certes enlevé les enfants et je les ai séquestrés dans ma maison, mais je ne les ai pas touchés, c'est Yamine qui a abusé d'eux sexuellement durant trois jours avant de les étrangler et de les mettre dans la salle de bains.» Puis sur un ton doucereux, il dira qu'il regrette toute cette affaire : «Les enfants, poursuit-il avec aplomb, ont passé juste la nuit du 9 au 10 mars avec moi et le reste avec Yamine ; ils ont dormi avec moi et ils étaient calmes, et le lendemain je les ai enfermés dans l'appartement pour aller chercher Yamine.» «Pourquoi tu les as enfermés dans la salle de bains, et pourquoi tu ne les a pas laissés partir ?», interroge encore le juge. «J'avais peur de Yamine, car il me menaçait de déposer plainte auprès de la sûreté, ce qui me mettrait seul en cause», répond Hamza.
Ce dernier assure qu'après deux jours d'abus sexuels de Yamine sur les enfants, ils ont pensé aux conséquences ; la peur les tenaillant, comment se débarrasser des deux corps sans laisser de trace. Il ajoute : «Yamine, à son retour à la maison, a pris Haroun dans la cuisine et tenté de l'étrangler avec les mains, mais l'enfant s'est débattu. Il a pris alors un tuyau d'arrosage en plastique et l'a enroulé trois fois autour de la gorge du petit Haroun et a serré jusqu'à la mort ; puis il a fait la même chose pour Brahim.»
Crime abominable
Le juge, outré, s'écrie alors : «Arrêtez de raconter des mensonges et de jurer par le nom sacré d'Allah ! tu as reconnu devant le juge d'instruction que tu as abusé sexuellement des deux enfants cette nuit-là et après que Yamine ait tué Haroun, tu t'es occupé de Brahim vers 23h55 ; tu l'as étranglé avec ta ceinture avant de mettre les corps dans la baignoire. Tu as avoué que Yamine a quitté les lieux vers 3h du matin et t'a laissé seul avec les cadavres des enfants ; tu t'es affairé à dissimuler les traces du meurtre, en effaçant notamment le sang qui a coulé de leurs bouches et de leurs yeux !» L'assassin, avec le même aplomb, raconte comment il s'est débarrassé des corps : «Dans la matinée du mardi, je suis rentré chez ma mère pour chercher un cabas et deux sacs en plastique noir ; j'ai enroulé les cadavres dans une couette coupée en deux et je les ai mis chacun dans un sac que j'ai mis à tour de rôle dans le grand cabas ; à midi, j'ai sorti le premier corps dans le cabas que j'ai jeté dans un terrain vague, et l'autre je l'ai lancé par le balcon parce que j'avais peur que quelqu'un me voie.» Les deux autres accusés se sont contentés de tout nier, puis ont décidé de garder le silence. Bien entendu, malgré les propos de la défense, le juge n'a tenu compte d'aucune circonstance atténuante.


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