Après un procès éprouvant mais qui n'a duré qu'une journée, citoyens et partie civile ont accueilli avec soulagement le verdict : les deux assassins des petits Haroun H. (10 ans) et Brahim D. (9 ans) ont été condamnés à la peine capitale sous les chefs d'inculpation d'enlèvement, attentat à la pudeur sur mineur et meurtre avec préméditation. Un procès qui s'est finalement tenu dans le calme, sans le moindre incident que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur du tribunal criminel de Constantine. Les familles des victimes, abattues par le chagrin depuis le 9 mars dernier, date du kidnapping de leurs enfants, étaient accompagnées de leurs proches, voisins, des témoins et de nombreux avocats qui ont voulu ainsi les soutenir. Sur le banc des accusés : Oubira Hamza alias « Catastrophe », 21 ans, Gouasmi Lamine dit « Memine », 38 ans, et le troisième inculpé, Zehaf Bilal, 27 ans, qui a finalement été condamné à une peine de 10 ans de prison ferme. Cette sentence est, toutefois, qualifiée d'injuste, selon les deux familles et leurs proches, car non seulement Bilal aurait pu avertir la police et sauver la vie de Haroun et Brahim, mais en plus, selon le procureur de la République qui a requis contre lui la perpétuité, cet individu, connu pour ses penchants sexuels et pour être un consommateur de drogue, était impliqué dans l'enlèvement et la séquestration des enfants. Une peine « légère », regrettent les proches des deux familles pour un homme qui a participé à leur enlèvement. Durant ce procès, d'aucuns parmi les présents dans la salle d'audience ont remarqué que les deux principaux accusés ont exprimé des avis contradictoires par rapport à leur première version des faits confirmée une première fois devant le juge d'instruction et les enquêteurs de la police. Les deux individus, qui se sont connus en prison il y a quatre ans, entretiennent, depuis, des relations intimes. Oubira Hamza était le premier à se présenter à la barre. Il a relaté le film du drame en donnant une nouvelle version, sans doute pour se disculper. Il a affirmé que Gouasmi Lamine est à l'origine de l'enlèvement, du viol et du meurtre, et qu'il l'a ainsi entraîné avec lui dans cette affaire. Pourtant, ce n'est pas ce qu'il avait déclaré auparavant au juge d'instruction, lui rappelle le président de la cour. « J'ai donné cette version parce que j'ai parlé sous la torture des policiers », répond-il devant le juge qui lui rappelle ce fait : « tu étais en face d'un juge, personne ne pouvait te torturer. Tu avais déclaré que tu avais abusé sexuellement des deux enfants, que tu avais participé à leur enlèvement et que tu avais même tué l'un d'eux. Aujourd'hui tu nies tout et tu déclares que tu es innocent. Comment est-ce possible ? ». L'accusé réfute même son implication dans le viol des enfants, affirmant que seul Gouasmi Lamine abusait d'eux dans la salle de bain ou la cuisine, et que lui ne faisait que les garder jour et nuit dans son appartement qu'il louait depuis 7 mois. Le juge le corrige encore une fois en indiquant que la police scientifique a retrouvé son sperme dans toute la maison et aussi sur les enfants, selon le médecin légiste. Il lui rappelle également que les témoignages l'accablent et contredisent ses versions des faits. « Je vous jure, j'ai essayé de le convaincre (Mamine) pour qu'il ne les tue pas mais il n'a pas voulu m'entendre », affirme-t-il. Le président de la cour lui répond : « ceux qui n'arrêtent pas de jurer sont des menteurs. En vérité, c'est toi qui es derrière cet acte, tu as paniqué, ta mère l'a confirmé aux enquêteurs, lorsque tu étais rentré chez toi pour récupérer des sacs en plastique afin de te débarrasser des corps. Tu a été pris de panique lorsque tu avais appris que tout le monde cherchait les enfants. Le petit Brahim a été étranglé à l'aide de ta ceinture ». Durant son intervention, le procureur de la République révélera aussi beaucoup de contradictions dans ses propos. Quant à Mamine, peu bavard et moins inspiré que son complice pour baratiner son monde, il a, lui aussi, transformé sa première version des faits puis nié les accusations portées contre lui. Il insiste, cependant, pour révéler que c'est Oubira Hamza qui a assassiné les deux enfants. Il préfère ne plus répondre aux questions du juge, qui lui fera savoir que l'enquête de la police prouve qu'il est le premier à avoir violé les deux enfants et qu'il est le premier à avoir étranglé l'une des victimes, Haroun, à l'aide d'un tuyau à gaz, tandis que son complice s'est occupé d'achever le petit Brahim au moyen de sa ceinture. Par ailleurs, le médecin légiste a confirmé que les enfants ont été violés par les deux mis en cause, et que des lésions étaient présentes sur leurs corps. Les membres du tribunal criminel ont rapidement délibéré et annoncé le verdict. Soulagements et pleurs dans la salle. Un proche d'une des victimes scandait : « A Allah nous appartenons et à Lui nous retournons. Que Dieu t'accueille dans Son Vaste Paradis, mon enfant »