Didine Karoum, Mahdi Tamache et Slimane Fetanne étaient en concert, dimanche soir, à la salle El Mougar à Alger. Plusieurs écoles du chaâbi et deux générations étaient représentées sur scène. Il y a d'abord le jeune Slimane Fettanne, qui semble marcher sur les traces d'Amar Zahi. Il a entamé son tour de chant avec Sobhan Allah rat ayni, une histoire de dialogue entre un célibataire et un marié, avant de continuer avec Hram alik eib ou aâr. «C'est une chanson que j'ai moi-même écrite et composée. J'évoque ceux qui oublient ce que leur mère a fait pour eux. Des personnes qui n'hésitent pas à placer leur maman dans des maisons pour personnes âgées», nous a déclaré Slimane Fettane. «Je pense que l'artiste a une certaine responsabilité envers la société. Il peut conseiller, orienter, amuser, soulager, divertir, aider... Les habitudes et les mentalités ont changé avec le temps. C'est bien d'être actuel, mais le plus important est de garder son authenticité et protéger son patrimoine. C'est notre patrimoine à tous», a-t-il insisté. Selon lui, l'auditoire du chaâbi a quelque peu changé. «Les gens aiment écouter les chansons quelque peu légères. Ceux qui écoutent les qcid sont moins nombreux. Cela dit, il y a une bonne relève parmi les jeunes chanteurs. Les talents existent. Il faut leur faire confiance», a souligné Slimane Fettane. Toujours dynamique et vivace, Didine Karoum a pris le relais en entamant son concert avec Ya qalbi khili el hal en mode raml maya avant d'enchaîner avec un mdih, Limta n'chouf Tahar, puis El Aziz El ghali, had el gharam et Nar jamar el hob. Didine Karoum n'a pas hésité à faire des variations mélodiques et vocales avec la liberté qu'on lui connaît. Il a terminé son concert avec La tektaâ lias, Rah el ghali et Ya el meknine zine… «Le public du chaâbi est devenu plus difficile et exigeant. Les artistes doivent perfectionner leur art pour être à la hauteur», a noté Didine Karoum. Contrairement à Slimane Fettane, Didine Karoum pense que les gens sont demandeurs de qcid, notamment en «bit ou syah». «Il faut aussi noter que le chaâbi n'est plus confiné dans la capitale. Il est écouté partout en Algérie. Le chaâbi est bien enraciné», a-t-il dit. Didine Karoum, qui semble avoir un bon dialogue avec les puristes, est favorable à un certain «rafraîchissement» du chaâbi. Le chanteur mélange dans ses albums les chansonnettes et les qcid. Mahdi Tamache a, pour sa part, encore une fois, montré toute la fidélité qu'il a à l'école ankaouie. Il a commencé son concert avec Charab lahou awani, Ya nass djarat li gharaien, repris ensuite des chansons connues d'El Anka comme Li ziane saâdou, Wayne saâdi, El hmam li welftou avant d'enchaîner avec La tektaa liyas (sur un air du qcid Oulfi Meriem qu'avait interprété El Anka), Ah ya moulay ya moulana, Ya sah zarni mahboubi, Ya rassouli lilah, Sakani bel kass al awal, Ya allem bi hali et terminer, comme autrefois, avec Bqaou ala khir. Une invitation à quitter la salle et à revenir une autre fois. Des soirées sont organisées par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) durant ce mois de Ramadhan.