Des aires de jeu et des espaces verts sont affectés à des coopératives immobilières l Les comités de quartiers s'opposent. Depuis des décennies, des terrains, situés entre des immeubles dans ces cités, réalisées par l'OPGI sur des assiettes bien délimitées, ne cessent de faire l'objet de convoitises de la part de quelques personnes, activant dans le secteur de l'immobilier. D'après des habitants de ces quartiers, il y aurait, parmi les attributaires de ces terrains, ceux qui auraient déjà bénéficié de terrains ou de logements sous des formes «détournées» avec la complicité de responsables locaux. Depuis la fin des années 1980, les autorités locales ont délivré, sans penser aux conséquences futures, des décisions d'attribution de ces poches de terrain. Or, ces espaces nus étaient, à l'origine, destinés à recevoir des équipements communs ou à servir d'espaces verts ou d'aires de jeux pour les innombrables jeunes sportifs émergeant en diverses disciplines. D'autant que, au fil des décennies, ces derniers subissent les aléas d'une promiscuité due à l'éclatement incontrôlé de la démographie urbaine. Aussi, avec l'absence de l'autorité de l'Etat lors des deux dernières décennies, conjuguée à un chômage juvénile endémique, l'accaparement de ces poches de terrain nu, de trottoirs et même d'accès bétonnés pour piétons, est devenu, pour certains «puissants» ou «protégés», une pratique impunie. D'autres personnes ont acquis «normalement» des lots de terrain situés sur les assiettes de ces quartiers, notamment à la cité Mancer (400 logements), ainsi qu'autour du stade scolaire. Les acheteurs de ces lots les ont dûment acquis auprès de l'agence foncière avec des actes de propriété et des permis de construire de la part des autorités locales. Cependant, les résidants et les riverains, à travers leurs comités de quartiers, n'ont pas cessé de protester et d'exprimer leur mécontentement en écrivant aux plus hautes autorités du pays, tout en organisant sporadiquement des actions de protestation sur la voie publique. En septembre 2012, ces protestataires fermeront pendant une journée le siège de la daïra de Draâ Ben Khedda, comme ils tiendront, plus tard, des sit-in devant le siège de la wilaya, revendiquant l'arrêt de construction de coopératives sur les espaces verts relevant de leur cité. Réagissant en octobre de la même année, leurs adversaires, au nombre de 48 acquéreurs de ces lots de terrain et de coopératives immobilières, useront de la même action en fermant eux aussi le siège de la daïra de Draâ Ben Khedda pour exprimer leur opposition «contre toute décision qui irait à l'encontre de nos droits légitimes», disaient-ils alors. En érigeant ces constructions, ajoutent-ils, «nous sommes parfaitement dans nos droits», expliquant que «les permis de bâtir leur ont été délivrés après la révision du POS, approuvé en 2006 par les instances concernées». De plus, les attributaires ont signé un engagement légalisé dans lequel il leur est exigé «d'accepter de nouveaux emplacements de lots et de payer tout surplus au prix actualisé, ainsi que les frais notariaux engendrés par l'étude d'aménagement». Certains de ces coopérateurs ont atteint le 4e palier (R+4) dans les carcasses de leurs bâtisses. Faut-il finir ou faut-il détruire ? La question reste posée. Pour rappel, un cas similaire avait eu lieu à la cité des 600 logements de la Nouvelle ville de Tizi Ouzou où des coopérateurs ayant acquis «légalement» des terrains sur ce site avaient tenté de lancer des constructions. Mais les riverains se sont opposés énergiquement, ce qui avait failli dégénérer. Les services de l'urbanisme de la wilaya ont alors intervenu pour convaincre les deux parties en leur démontrant que les équipements communs qui seront réalisés à l'avenir pour la zone concernée ne pourront jamais l'être si lesdits espaces venaient à être occupés par d'autres immeubles, sachant que des besoins en ces équipements vont être impératifs face à la poussée démographique dans ces cités. Un lotissement compensatoire a alors été dégagé à Oued Falli (ouest de la ville de Tizi Ouzou) au profit des coopérateurs concernés. Une option que les résidants de la cité Mancer à Draâ Ben Khedda veulent voir appliquée par les pouvoirs publics dans leur cas.