Des citoyens de la ville de Draâ Ben Khedda ont fermé, hier, le siège de la daïra pour protester contre l'accaparement des espaces verts dans leurs cités. L'ébullition au sein de la population ne cesse de gagner du terrain dans la commune de Draâ Ben Khedda, un chef-lieu de daïra situé à 11 km à l'ouest de Tizi Ouzou et abritant plus de 32.000 habitants.La raison en est une certaine boulimie chez des constructeurs, notamment des coopératives immobilières qui lancent leurs chantiers sur des espaces verts, avec souvent des permis dûment délivrés par les autorités locales. C'est le cas de nombreuses cités constitués d'immeubles OPGI de 5 niveaux, et dont les poches de terrains réservées comme espaces verts font l'objet d'avides convoitises d'affairistes en immobilier pour réaliser des bâtisses souvent en R+7, voire plus, avec la bénédiction des autorités locales. Il faut dire qu'après la démission, depuis plusieurs années, du président de l'APC de Draâ Ben Khedda, ainsi que d'autres élus du parti FFS, alors majoritaire, la municipalité accuse un certain abandon dans l'anarchie qui prend chaque jour de l'ampleur. Des accaparements d'espaces et d'accotements de voies publiques où s'érigent des constructions et des «bazars» provisoires sans identification, particulièrement pour un commerce de produits hétéroclites, en sont une meilleure preuve. Devant cette situation «d'abandon du citoyen à son sort», des dizaines d'habitants de la cité Mancer (400 logements) ont procédé, hier, mardi, à la fermeture du siège de la daïra de Draâ Ben Khedda, demandant à voir le premier responsable de cette administration pour lui demander «d'arrêter immédiatement» les travaux de construction de particuliers, lancés sur les espaces verts de leur cité. «Non à la construction sur nos espaces verts !» souligne une large banderole étendue, mardi matin, le long de la clôture métallique du siège de la daïra. «Nous ne voulons empêcher personne de construire ; l'administration n'a qu'à attribuer à ces constructeurs des terrains, dont elle ne manque pas, mais de grâce, qu'elle ne nous étouffe pas ! En tout cas, nous ne voudrons en aucun cas qu'on nous prive de ces minuscules poches d'oxygène dont dispose notre cité», dira un habitant de la cité. En août 2011, rappelons-le, l'APC de Draâ Ben Khedda avait tenté de mettre en place un nouveau plan d'occupation des sols (POS), affiché au sein de la mairie et destiné pour la «densification» de certaines cités (Benani, Mancer…) réalisées à la fin des années 1970 par l'OPGI, mais les habitants, dont les quartiers étaient laissés par les autorités dans un total abandon, se sont mobilisés pour signer leur opposition contre ledit POS. «L'ancien wali de Tizi Ouzou avait émis, vers 2007, un décret interdisant toute construction sur les espaces verts dans les cités, ainsi qu'au stade scolaire, qui servait alors aux élèves du lycée Krim Belkacem et au mouvement associatif local pour y organiser périodiquement des tournois sportifs, aujourd'hui, malheureusement, transformé en un véritable dépotoir de gravats et de déchets, et, partiellement, de parking pour poids lourds», déplore un des membres du comité Tachemlit de la cité Mancer (400 logements).