Sale temps pour les partis politiques en Libye ? Hier, des milliers de manifestants ont crié contre eux leur colère. La raison ? Ils sont accusés d'être responsables de l'instabilité en Libye. Ces manifestations ont été émaillées d'actes de vandalisme contre les locaux des deux principaux partis : le Parti pour la justice et la construction (PJC), bras politique des Frères musulmans libyens, et son rival l'Alliance des forces nationales (AFN, libérale). A Benghazi, de jeunes manifestants ont pris d'assaut le local du PJC tôt dans la matinée et saccagé les lieux. Dans la nuit, plusieurs centaines de personnes avaient parcouru les rues de la ville pour dénoncer l'assassinat vendredi de l'avocat et militant politique anti-islamiste Abdessalem Al Mesmari ainsi que de deux officiers de l'armée. Les manifestants accusent les islamistes d'être derrière l'assassinat de Mesmari, comme ceux qui ont visé depuis la révolte des dizaines d'officiers, en particulier à Benghazi. A Tripoli, des centaines de personnes se sont aussi rassemblées tôt hier au cœur de la capitale en «solidarité avec Benghazi» et contre les Frères musulmans. Une centaine de jeunes se sont rendus par la suite au local du PJC dans le quartier de Ben Achour où ils ont saccagé et pillé les bureaux et le mobilier et brisé les vitres du bâtiment. Des slogans ont été également scandés aussi contre l'AFN, vainqueur des élections de juillet 2012. Une centaine de manifestants se sont dirigés vers le siège de l'AFN à Hay Al Andalous, qu'ils ont saccagé, jetant des documents par les fenêtres. Les protestataires estiment que les rivalités politiques empêchent la stabilisation du pays où pullulent les armes et où le PJC et l'AFN sont accusés aussi de manipuler des milices armées qui servent leurs intérêts et d'empêcher la formation d'une armée et d'une police professionnelles. Contrairement aux autres pays du Printemps arabe, la Tunisie et l'Egypte, les islamistes n'ont pas remporté les premières élections libres en Libye. Vainqueur des élections législatives de juillet 2012, l'AFN de Mahmoud Jibril est une coalition de petits partis «libéraux». Elle détient 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques au Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique et législative du pays. Le PJC est la deuxième formation politique du Congrès avec 17 sièges. Les 120 sièges restants sont détenus par des candidats indépendants aux allégeances et convictions diverses.