Devant une maison du syndicat aux portes fermées, quelque 200 travailleurs du complexe de la SNTA d'El Haria se sont rassemblés jeudi pour protester contre la mise au pas de leur section syndicale. C'est le second sit-in après celui tenu le 1er mai pour les mêmes raisons reflétant les tensions et l'instabilité qui existent au sein du complexe opposant désormais les travailleurs à la nouvelle section syndicale déclarée non représentative et inféodée à l'administration. Le conflit s'est développé depuis l'élection, le 24 novembre 2004, de cette section « dans des conditions de pression et d'intimidation de la part de la direction ». Réfutant la légitimité des urnes et la combativité dans la défense des intérêts des travailleurs des actuels syndicalistes, les contestataires, qui ont signé par ailleurs une longue pétition pour dénoncer et se démarquer de l'actuelle section, exigent aux responsables de l'UGTA de Constantine l'organisation en urgence d'une assemblée générale pour le renouvellement de leur section en toute démocratie et transparence. Tous les travailleurs que nous avons interrogés à pied de la maison qui porte le nom de feu Abdelhak Benhamouda ont été unanimes pour dénoncer le syndicat croupion qu'était devenue leur section, et la complicité de l'union locale d'El Khroub dont les membres « ont gelé la section précédente pour placer leurs pions », selon les propos de l'un des présents. Un autre racontant les conditions dans lesquelles s'était tenue l'élection dira : « Ils ont arrêté la production ce jour-là et mobilisé quatre équipes de sécurité en plus d'une équipe de gendarmes pour assurer le déroulement comme qu'ils l'avaient prévu alors que les travailleurs votaient sous la pression et les menaces ou bien recevaient des promesses en contrepartie de leurs voix. » « Depuis l'installation de la nouvelle section, toute contestation est étouffée dans l'œuf », dit un ancien syndicaliste qui ajoute que « les membres de l'actuelle section et même ceux de l'union locale et de l'union de wilaya profitent pour placer leurs enfants dans des postes que les plus anciens ne peuvent décrocher ». Agacés par le silence et l'indifférence des instances locales de l'UGTA, les protestataires n'ont pas caché leur lassitude des discours de circonstances. « Ils devraient avoir honte d'aller prier devant la tombe de Benhamouda », criait quelqu'un, et leur regret devant ce qu'était devenue l'union, c'est-à-dire une administration plus proche des intérêts de l'Etat que de ceux des travailleurs. Beaucoup répétaient, par ailleurs, qu'ils n'allaient pas se limiter à cela et que leur mouvement est déterminé à aller jusqu'au bout.