Que s'est-il réellement passé à l'hôpital de Frantz Fanon durant la nuit de vendredi à samedi ? Que cherche à cacher le premier responsable de l'établissement ? « Je déments formellement l'existence d'un quelconque décès dans ma structure durant les journées du mercredi, jeudi, vendredi et samedi. Tous les services ont fonctionné dans les conditions les plus normales durant ces journées. » Telle est la réponse formelle du directeur général de l'hôpital Frantz Fanon que nous avons pu joindre hier par téléphone, lorsque nous avons voulu avoir plus d'informations sur la salle de réanimation de neurochirurgie inondée durant la nuit du jeudi au vendredi et les circonstances exactes du décès de deux citoyens au niveau du service ophtalmologiques du CHU. Une déclaration bien que sans aucune équivoque mais vite fragilisée par l'une des familles des victimes que nous avons pu rencontrer et pris le temps de relater les dernières 24 heures de la vie de leur père M. Abdelkader âgé de 90 ans. En effet, lors des dernières intempéries qu'a connues d'ailleurs tous le pays, la salle de réanimation du service de neurochirurgie a été complètement inondée. Devant cette situation, le personnel qui était de garde cette nuit du jeudi 4 mai et en sapeurs-pompiers avait pris la responsabilité de transférer tous les malades qui étaient à l'intérieur vers le service d'ophtalmologie. Notre père, expliquait la fille du défunt, « a été admis au service de neurologie, le 27 avril, pour un problème de caillot de sang au niveau de la tête. Il a été d'ailleurs opéré le jour-même. Notre frère lui rendait visite chaque nuit. A 22 h ce jeudi-là, mon père était toujours dans la salle de réanimation. Il a été transféré après cette heure, puisque le lendemain matin, c'est-à-dire vendredi à 7 h, notre frère avait trouvé la salle de réanimation entièrement inondée et notre père prenant place dans un lit du service d'ophtalmologie. Son état de santé était sensiblement dégradé, il n'arrivait pas à respirer convenablement. Le samedi à 10 h, les infirmiers informèrent notre frère qui venait lui rendre visite comme d'habitude qu'il était décédé. » Notre même interlocutrice nous confirma l'existence d'un deuxième décès. Renseignement pris, il s'agit en effet de O. Meriem, âgée de 22 ans, de la localité de Zaouia, commune de Beni Tamou. « La pauvre Meriem est décédée le vendredi soir, juste après la prière d'El Aïcha. Elle a été admise au service de réanimation suite à un grave accident de la route », nous confia un de ses proches qui me faisait comprendre qu'il ne voulait pas en dire plus. On nous parle même d'un troisième décès. Il s'agit apparemment d'un jeune adolescent. Nos tentatives de vérifier cette information sont restées toutefois vaines. Par ailleurs, la famille du défunt de M. Abdelkader de la cité Benboulaïd tenait à dénoncer les conditions d'hospitalisation de leur défunt père en soutenant que « les conditions d'hygiène sont des plus déplorables : saleté, odeur insupportable. Alors que ce service a été inauguré il y a de cela à peine 4 ou 5 ans. » En tout état de cause, même si les causes exactes du décès officiel de deux citoyens restent sujettes à polémiques, il n'en demeure pas moins que la sécurité des malades à l'intérieur d'un établissement se posera dorénavant avec acuité.