Des émeutes ont éclaté dans la commune de Zerizer, où la population de la localité de M'radi est privée d'eau depuis un an. Avec trois grands barrages, quelques 400 forages et puits, la wilaya d'El Tarf ne devrait pas manquer d'eau, puisqu'elle étanche largement sa voisine Annaba. Pourtant, la pénurie est chronique dans la wilaya des zones humides. Au fil des ans et des promesses de walis, la pénurie d'eau est récurrente et il n'est pas un seul coin de la wilaya qui peut se targuer ne jamais avoir connu de coupures s'il est bien entendu relié aux réseaux de distribution. C'est une question de gestion, nous expliquent, des responsables du secteur. Les ressources hydriques existent, mais il n'y a pas le savoir-faire et les moyens d'une gestion rationnelle. Autrement dit, les gestionnaires sont défaillants pour cause d'incompétence avérée. C'est vrai que la Seata est pointée du doigt, et qu'elle focalise la colère populaire comme à Dréan, où tous les jours des rassemblements sont organisés avant et après la rupture du jeûne devant le siège de cette entreprise. Depuis le début du ramadan, on a dénombré 15 communes sur les 24 que compte la wilaya qui font face à de sérieux problèmes d'alimentation en eau potable. Des émeutes ont éclaté à Zerizer où la population de M'radi, 3 000 habitants, a carrément fermé la mairie et la route qui mène à cette localité. «Il n'y a pas eu une goutte d'eau depuis un an», dit le président de l'APC qui rejette la balle aux services des ressources en eau, parce que la conduite longue de 2 km, qui achemine l'eau au réservoir est obstruée en plusieurs endroits. Et puis il y a le cas Cheffia. Une martyre de l'eau. Une localité qui a donné son nom à un des plus grands barrages du pays, mais qui souffre de la pénurie depuis des décennies. Chaque année, avec la même intensité et la même régularité, c'est la grande soif. On en pleurerait. Les élus de la daïra de Bou Hadjar ont demandé au président de l'APW d'intervenir énergiquement pour que le calvaire cesse, aussi sur les hauteurs de la wilaya durement frappées par le manque d'eau. Dréan, Besbes, Bou Hadjar, Cheffia, mais aussi Berrihane et Bouteldja qui sont situées à proximité immédiate du massif dunaire de Bouteldja, où se trouve la nappe dite de Bouglez, qui alimente Annaba et des usines de mises en bouteilles d'eau minérale. Les localités le long du couloir d'adduction à partir du barrage de Mexa reçoivent pour leur part une eau imbuvable, à l'odeur repoussante. Tout comme les années précédentes. On a à plusieurs reprises suspendu pendant plusieurs jours la distribution à partir du barrage pour effectuer des travaux sur les filtres, qui devaient éliminer définitivement ce désagrément. Il semble qu'on ait encore jeté de l'argent par les fenêtres. L'eau continue d'avoir un goût infect, que l'on retrouve jusque dans le lait en sachet. Pire encore, l'année du 50ème anniversaire de l'Indépendance, à M'radi, les habitants sont retournés faire la chaîne devant la fontaine publique du village, qui date de l'époque coloniale. Elle coule toujours, calmement, régulièrement, sans aucune coupure. Le manque d'eau, un malheur qui fait le bonheur de propriétaires de camions et camionnettes, y compris ceux de «l'Ansej», qui se sont convertis en «vendeurs d'eau». Et ils font de juteuses affaires, puisque le jerrican de 20 litres vendu habituellement 20 DA est passé à 50 DA. Ils font le jeûne sans soucis et se précipitent ensuite à la mosquée pour la prière surérogatoire du Tarawih.