Ces dernières 48 heures, l'ensemble des services de la wilaya d'El-Tarf à l'extrême Est du pays étaient en état d'alerte. L'appréhension des uns et des autres responsables de différents secteurs était de mise quant à revivre les drames de l'hiver passé où trois personnes dont un enfant avaient trouvé la mort. Elles avaient été emportées par les eaux de pluie qui s'étaient abattues sur cette wilaya. Cette appréhension est d'autant plus justifiée ce dernier vendredi au cours duquel de fortes pluies ont affecté plusieurs localités et agglomérations de la commune de Zerizer jusqu'à Dréan. Des eaux boueuses ont rapidement envahi des routes nationales et chemins de wilaya entraînant de fait leur impraticabilité, entre Zerizer et Dréan, Ben M'Hidi Berrihane, Chaïba Mokhtar et Besbes notamment brusquement inondées en certains endroits entraînant la fermeture des locaux commerciaux. Plusieurs endroits avaient été inondés sous des centimètres d'eau. Heureusement que l'alerte avait été donnée dans la matinée par la Gendarmerie nationale. Ce qui a permis à des habitants et commerçants de prendre leurs dispositions pour parer au plus pressé. Et si les appels à la prudence ont été multipliés à l'effet de limiter la circulation automobile sur les axes routiers dans le prolongement des barrages de Cheffia et Mexa, l'activité socio-économique s'est limitée à sa plus simple expression. Pour éviter tout problème, les habitants des communes et localités proches des deux barrages sont restés chez eux. D'autres ayant vécu les affres des inondations de l'hiver de début 2012, ont trouvé refuge chez des proches dont les habitations sont implantées en hauteur. Sur la route de Zerizer à destination de Dréan, les eaux boueuses ont envahi de nombreuses habitations. D'autres, comme à la cité Khemiri Ali de plus de 220 âmes, ont dû abandonner leur logement. La cause en est l'importante infiltration des eaux de pluies dans leurs habitations respectives. «C'est à ne rien comprendre. Cette infiltration ne s'explique pas, car une opération de réfection de l'étanchéité des 11 bâtiments a été effectuée il y a quelques mois à peine. L'entreprise chargée de réaliser les travaux sur la base d'un marché de gré aurait fait dans le bricolage», telle est la conclusion à laquelle sont arrivés la majorité des habitants de cette cité dont les logements ont fait l'objet de ce type de travaux. A ce niveau, la situation serait pire qu'elle ne l'était avant la réfection de l'étanchéité. «Qui va payer les dégâts causés par les infiltrations de l'eau de pluie dans mon logement», s'est interrogé Adnene un parmi plusieurs dizaines de locataires de cette cité située en bordure de la RN 44 sur la route Annaba vers El-Tarf. Les mêmes vitupérations de citoyens sinistrés ont été enregistrées dans d'autres communes, là où un début de sinistre est apparent comme dans la plupart des habitations, locaux commerciaux, terre agricole et vergers. Si les pertes ne sont pas importantes, les dégâts matériels n'en sont pas moins appréciables au regard de la situation sociale des victimes majoritairement des familles à faibles ressources de vie. Dans cette wilaya d'El-Tarf se multiplient les actions de mécontentement des habitants. L'on y est arrivé à adopter les mêmes comportements qu'ailleurs avec les récurrentes fermetures de routes. La toute récente fermeture est originale. Pour démontrer leur détermination quant à attirer l'attention des autorités locales sur la précarité de leurs conditions de vie, les habitants n'ont pas trouvé mieux que murer avec des briques toute la largeur de la RN 44. Coupures intempestives de l'alimentation électrique, détérioration de l'environnement, situation aléatoire des jeunes confrontés à un chômage chronique figurent au chapitre des facteurs de mécontentement et au titre de principales revendications. Les deux alertes sont sérieuses. Elles doivent être sérieusement étudiées par ces mêmes autorités, particulièrement celle ayant trait aux inondations générées par les crues des oueds comme celui de Boulathan imprévisible ainsi que les lâchers d'eau des deux barrages de la Bounamoussa et de Mexa. Les précipitations de l'hiver 2011/2012 avaient mis à nu l'inexistence de réseaux d'assainissement dans la plupart des communes. Celles de cette fin de mois d'août ont créé une grosse frayeur au sein de la population tarfoise. Selon les services de la Protection civile, elles ont atteint localement les 60 mm. Cette situation fait appel à l'exigence des travaux hydrauliques qui doivent y être rapidement réalisés, particulièrement dans les communes situées dans les zones inondables, là où justement les services concernés avaient lancé des études pour la mise en place de différents systèmes d'évacuation des eaux de pluie et usées.