Contre l'inquisition» et «Pour la liberté de conscience et le droit à la différence», tels sont les mots d'ordre de l'action des citoyens qui appellent à un déjeuner en public, aujourd'hui à partir de 11h, sur la place du carrefour Matoub Lounès, devant l'ancienne gare routière de la ville de Tizi Ouzou. «Jeûneurs et pratiquants musulmans seront évidemment sur place pour soutenir cette initiative et montrer qu'on peut être musulman et tolérer les convictions de l'autre. Nous nous inscrivons, par cette initiative, dans les traditions et coutumes anciennes des Kabyles qui ont toujours pratiqué la tolérance. Nous avons décidé de lancer l'idée de ce rassemblement suivi d'une opération sandwich pour dire non à la persécution des non-jeûneurs dont le seul crime est de ne pas appliquer un précepte d'une religion de plus en plus investie par les tenants d'un obscurantisme radical, au mépris de l'islam tolérant pratiqué par les citoyens kabyles. C'est une question de tolérance et de respect de la différence», expliquent les initiateurs de cette manifestation, qui sera appuyée par des actions de soutien en France et au Canada, où des rassemblements sont prévus à la même heure. Notons aussi qu'une pétition d'appui à cette action a été signée par des centaines de personnes, dont Bouaziz Aït Chebib (président du MAK) et Malika Matoub (responsable de la fondation Matoub Lounès). Le déjeuner en public prévu aujourd'hui dans la capitale du Djurdjura semble avoir trouvé un écho favorable même chez les jeûneurs tolérants de la wilaya de Tizi Ouzou. C'est le cas de ce quinquagénaire pratiquant qui affiche son soutien à cette manifestation, en précisant que «chacun est libre, c'est une affaire de conscience». Et d'ajouter : «Je ne peux pas imposer à quelqu'un de faire le jeûne et je n'accepterai pas que quelqu'un d'autre me dise pourquoi je fais carême. Je viendrai place Matoub pour assister au rassemblement, car je suis convaincu que ceux qui ne jeûnent pendant le Ramadhan ne sont pas comme les voleurs, les égorgeurs d'enfants et les kidnappeurs d'entrepreneurs. Donc il est temps de laisser les gens jouir de leur liberté.» Un autre citoyen interrogé sur le sujet, au centre-ville de Tizi Ouzou, ne voit pas les choses de la même manière puisque, pour lui, «le Ramadhan est sacré. Celui qui rompt le jeûne durant la journée doit être sévèrement puni car il a piétiné un précepte de l'islam». Notons qu'une action similaire est prévue à la même heure dans la ville d'Aokas, wilaya de Béjaïa. Outre la descente de gendarmes dans une cafeteria de non-jeûneurs à Tigzirt, début juillet, rappelons l'affaire des deux ouvriers non-jeûneurs de Aïn El Hammam présentés, il y a deux ans, devant le juge avant de bénéficier d'une relaxe suite à un élan de solidarité : des centaines de personnes avaient tenu un rassemblement à l'extérieur du tribunal pour affirmer leur soutien aux deux non-jeûneurs.