Quelques centaines de personnes ont pris part à l'action de déjeuner en plein air, hier, dans la ville de Tizi Ouzou. Un appel lancé par un collectif de citoyens anonymes mais fortement soutenus par les activistes du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK). C'est un déjeuner dit «républicain» afin de «dénoncer la chasse aux non-jeûneurs et l'intrusion des services de sécurité dans la vie privée des citoyens», peut-on lire dans la déclaration de l'appel. Le rassemblement a été organisé à la place de l'Olivier, juste en face de la DGSN et la cour de justice de Tizi Ouzou. Le rendez-vous a été donné à 11h. Les participants ont tous apporté avec eux des bouteilles d'eau minérale, des sandwichs et ont mangé sous les regards des passants. Le rassemblement, même s'il n'a pas été autorisé, les services de sécurité l'ont toléré. Il s'est déroulé justement dans le calme absolu, comme l'a promis le wali lors de sa conférence de presse tenue la semaine dernière. Aucun incident n'a été signalé. Les non-jeûneurs, qui ont brandi le drapeau amazigh, se disent pour la liberté de conscience. Ils sont venus de plusieurs localités de la Kabylie. «Nous exigeons des autorités du pays de respecter les libertés individuelles et de cesser les persécutions contre les non-jeûneurs. Chacun a ses convictions et il n'y a que Dieu qui puisse nous juger», dira à la foule à l'aide d'un mégaphone l'un des initiateurs de cette action. «Le peuple kabyle doit retrouver sa liberté d'antan. Notre action s'inscrit dans le registre de notre combat pour le respect des libertés et des convictions de tout un chacun. On n'est pas contre la religion musulmane. Nous respectons les pratiquants de toutes les religions, mais ce respect doit être réciproque. On exige des pouvoirs publics de ne plus interdire aux restaurateurs et aux cafetiers d'ouvrir la journée durant le mois de Ramadhan et de ne plus approcher un non-jeûneur et de cesser toute forme d'intimidation contre les citoyens», dira le président du MAK, Bouaziz Aït Chebib, lors de son intervention. Ce dernier fera savoir que «la société kabyle est civilisée et laïque depuis la nuit des temps». Les initiateurs de cette action ont promis de récidiver chaque année durant la journée qui précède la nuit sacrée du mois de Ramadhan. Une autre action similaire s'est déroulée à la ville balnéaire d'Aokas, wilaya de Béjaïa. Des rassemblements pour soutenir cette action ont été aussi organisés également au Trocadéro à Paris et devant l'ambassade d'Algérie à Montréal au Canada, ont affirmé des participants au rassemblement de Tizi Ouzou. Notons que le célèbre chanteur kabyle, Zedek Mouloud, est venu soutenir cette action. Par contre, Malika Matoub, la sœur de Matoub Lounès, a brillé par son absence alors que son nom figure en premier sur la pétition signée en faveur de ce déjeuner baptisé au nom de «la tolérance en Kabylie». «Nous ne sommes pas des iconoclastes. On veut juste préserver notre liberté et lutter contre l'intégrisme qui menace notre société», dira Massi, un militant actif du MAK