Plus de 200 tonnes de déchets ménagers sont jetées dehors chaque jour en 2013, à savoir, une moyenne d'un kilo par habitant. La collecte des déchets ménagers fait partie des sujets qui fâchent dans la commune de Béjaïa. Devant l'insatisfaction grandissante d'une population de 200 000 habitants, qui croule sous les ordures, les membres de la commission chargée de l'Environnement à l'APC de Béjaïa sont exhortés de prendre des mesures urgentes. Pour Allaoua Mouhoubi, ancien président de la commission de l'Environnement à l'APC de Béjaïa entre 2010 et 2012, «c'est un retard de plus de 10 ans qu'il faudra tenter de rattraper». Tout en dénonçant «une campagne menée contre son équipe» du temps où il présidait la commission. «On m'a mis des bâtons dans les roues», a-t-il accusé. Il cite, notamment, le cas d'un avis d'appel d'offre déclaré infructueux par l'APC en 2012. «Pour des raisons tendancieuses, l'avis d'appel d'offre a été déclaré infructueux. En même moment, il y avait 10 camions tombés en panne subitement», a-t-il dénoncé en précisant qu'il n'avait pas cessé d'interpeller les autorités de la wilaya sur l'infructuosité de cet appel d'offres et des retards accumulés dans l'acquisition des équipements. Cette année encore l'avis d'appel d'offre a été de nouveau lancé, a annoncé Mourad Houacine, installé par le maire à la tête de la commission Environnement en décembre 2012. Après avoir externalisé huit secteurs du suburbain, à savoir Dar Djbel, Taghzouyth, Tizi, Takliet, Ighil Ouchalal, Sidi Ali Lebhar, Tala Ouariane, et Ihadadene, une enveloppe de 4,6 milliards de centimes a été approuvée pour cette opération. «Trois entreprises privées ont soumissionné pour un contrat allant jusqu'à fin décembre», a-t-il ajouté. La durée des contrats fixée à un an au maximum, selon le cahier des charges actuel, représente un autre handicap, selon Allaoua Mouhoubi qui veut voir la période allongée jusqu'à trois ans au minimum pour attirer plus d'entreprises. Priorité communale La décision d'aller vers des prestataires privés a été prise à l'unanimité par les membres de la collectivité, après avoir constaté l'énorme tache confiée à la commune. Plus de 200 tonnes de déchets ménagers sont jetées dehors chaque jour en 2013, à savoir, une moyenne d'un kilo par habitant. Durant la saison estivale et le ramadan, le volume passe facilement au double. Les 221 agents et les quelques bennes tasseuses de la commune croulent depuis des années sous les ordures. «Les moyens matériels et humains sont insuffisants», a justifié Mme Makhlouf, directrice de l'environnement à l'APC qui a estimé que la collecte des déchets ménagers est «une priorité pour la commune qu'elle soit prise en charge par le privé ou le public». «Nous n'avons pas le nombre de camions suffisant, la collecte ne se fait pas tous les jours dans certains secteurs, avec les privés, on le fera quotidiennement», a-t-elle affirmé en précisant qu'actuellement, seul 60 % à 70 % des déchets ménagers sont collectés. Sonnette d'alarme Interrogée sur les quartiers qui ne disposent pas de bacs à ordures ou de dépôts, la directrice de l'Environnement a répondu que la commune ne peut pas mettre des bacs n'importe où. Elle estime que la responsabilité du citoyen doit aussi être engagée pour lutter contre les dépôts d'ordures anarchiques ou encore le respect des heures de dépot de déchets. Pour Allaoua Mouhoubi, la solution des bacs ne peut pas fonctionner dans certaines agglomérations. «Il faudra donc que la collectivité trouve des solutions adaptées», a-t-il plaidé. Si Mourad Houacine estime qu'il y a une nette amélioration dans la collecte des ordures au chef-lieu de la wilaya, les associations de quartiers et celles activant dans le secteur de l'environnement ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur la situation. L'association ARDH qui multiplie les actions pour la protection de l'environnement et l'espace vert a, à maintes reprises, dressé un tableau peu reluisant à ce sujet. Pollution, insuffisance terrible d'hygiène qui ne manquera pas de constituer une véritable menace pour la santé publique, surtout en période d'été. L'APC de Béjaïa se défend du manque d'hygiène arguant que des opérations de désinfection et de dératisation sont souvent menées dans les quatre coins de la ville. Des arguments qui peinent à convaincre, balayés par la triste réalité que connaît la majorité des cités de la capitale des Hammadites. En 2011, un budget conséquent de trois milliards de centimes a été voté pour la dératisation de la ville de Béjaïa sans donner de résultats palpables.Dans cette situation dramatique, évoquer le passage au tri sélectif des déchets ménagers relève de l'absurdité. «Si on n'est pas encore au tri sélectif, c'est parce que nous ne trouvons pas encore l'engagement du citoyen qui ne fait aucun effort», a objecté la directrice de l'Environnement.