En pleine crise politique algéro-française, les relations économiques entre les deux pays semblent, elles, au beau fixe. Le ministre français délégué à l'Industrie, François Loos, a déclaré, dans une interview au quotidien français La Croix que la France ne serait pas « mécontente » si la part de l'Algérie dans le marché français du gaz, actuellement de 12,5%, était revue à la hausse. « L'Algérie assure 12,5% du marché du gaz en France. Elle est notre sixième fournisseur. Nous ne serions pas mécontents que cette part augmente dans le cadre d'accords commerciaux à long terme. » Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines a clairement répondu par oui », a affirmé François Loos dans l'entretien paru hier. Le ministre français avait commencé à courtiser les responsables algériens de l'énergie au cours de sa récente visite à Alger lors de laquelle il était accompagné du PDG de l'entreprise Gaz de France, Jean-François Cirelli. « Nous avons trouvé à Alger un accord de vue complet et nous allons privilégier les accords à long terme entre Gaz de France et Sonatrach », assure le ministre Français de l'Industrie. Des négociations sont ainsi en cours entre Gaz de France et Sonatrach pour la reconduction des contrats à long terme qui lient les deux groupes. Même si la France participe déjà, à travers les entreprises Total et Gaz de France, à hauteur de 12% dans la construction du nouveau gazoduc Algérie-Espagne (Medgaz), le ministre français délégué à l'Industrie veut aller encore plus loin en achetant une partie du gaz qui y passera. « Nous allons réaliser une connexion Espagne-France de sorte que les achats additionnels France- Algérie y transiteront », souligne-t-il. Cela fait longtemps que les groupes pétroliers français (Total et Gaz de France) occupent une place particulière dans le secteur gazier algérien. Cette relation, déjà très étroite, a été renforcée, en juin 2000, par l'accord de partenariat, signé lors du XXIe congrès mondial du gaz à Nice, qui prévoit de consolider les relations commerciales entre Sonatrach et Gaz de France, mais surtout « d'intervenir conjointement sur les marchés en commercialisant ensemble des volumes de gaz » ainsi que de rechercher et de développer les réserves gazières existantes dans le Sud algérien. Cet accord est assorti d'un renouvellement jusqu'à 2013 de deux contrats de vente de GNL à Gaz de France. En janvier 2001, Gaz de France a signé avec Sonatrach et la société malaysienne Petronas un contrat de partage de production de gaz naturel dans le sud-ouest de l'Algérie, qui porte sur l'exploration du bassin d'Ahnet (In Salah) et l'acheminement du gaz vers l'Europe (140 milliards de mètres cubes de réserves estimées) pour un coût total évalué à environ 25 millions. En novembre 2005, Gaz de France a annoncé la signature de deux transactions avec la société britannique Dana Petroleum pour développer, en collaboration avec Sonatrach, un gisement susceptible d'apporter de nouvelles ressources à Touat (dans le bassin de Sbaâ au sud-ouest de l'Algérie) et qui permettra à l'Algérie de disposer de nouvelles ressources de gaz importantes à produire à partir de 2010. La politique prônée par le ministre de l'Energie et des Mines, Chekib Khelil, est cependant de diversifier les partenaires. Il est, de ce fait, peu probable d'enfermer le secteur gazier algérien dans un espace strictement français. D'autant que les grands groupes pétroliers américains verraient d'un très mauvais œil une telle démarche.