L'émigration choisie est un leurre politique. Un tournant. C'est ainsi que l'on pourrait qualifier l'évolution des relations algéro-françaises. Malgré l'adoption de la nouvelle loi sur l'émigration, et la polémique suscitée par les déclarations sur le rôle positif de la colonisation, il ne fait aucun doute que l'avenir est moins sombre qu'il n'y paraît de prime abord. D'abord, en ce qui concerne les visas, les derniers développements montrent qu'il y a un assouplissement des conditions de délivrance, aussi bien au niveau consulaire qu'au niveau de l'espace Schengen, le Quai d'Orsay ayant demandé que soit étendue aux Algériens la procédure appliquée pour nos voisins marocains et tunisiens. Pour de nombreux observateurs, y compris ceux qui animent la scène politique française comme Jacques Lang, le thème de l'émigration choisie dont le candidat officieux de l'UMP fait son cheval de bataille, est un leurre politique sans lendemain. Et ils vont jusqu'à remettre en cause ce qui fait la spécificité française, à savoir son attractivité. Or, d'après eux, justement, la France, si on la compare aux autres puissances comme les Etats-Unis ou l'Angleterre, a cessé d'être attractive, et c'est là tout le problème de l'intégration à la française, ce qui fait que Nicolas Sarkozy serait inspiré de voir où le bât blesse. Bref, dans l'attente de la réponse qui sera faite à cette demande, et en vue de mettre un terme aux brimades auxquelles sont assujettis les Algériens, d'autres créneaux s'offrent au partenariat privilégié entre les deux pays. Il y a bien sûr la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Ould Kablia, mais il y aussi tout ce qui s'est fait au cours de la semaine passée dans le domaine économique, et dont la signature d'un accord pour le remboursement anticipé de la dette extérieure constitue le point d'orgue. En se débarrassant du boulet de 7,9 milliards de dollars, l'Algérie se sentira plus libre pour aborder en toute sérénité son programme de développement et de réformes, alors que la France, en contrepartie, est tout heureuse de voir arriver cette manne de 1,6 milliards de dollars pour renflouer son budget, à une année de l'élection présidentielle. L'autre volet des relations algéro-françaises concerne le secteur gazier. Le ministre français délégué à l'Industrie, François Loos, qui effectuait une visite de deux jours en Algérie, lundi et mardi passés, en compagnie du P-DG de Gaz de France Jean François Cirelli, n'a-t-il pas expliqué que la France ne serait pas mécontente de voir augmenter la part de l'Algérie dans le marché français du gaz, une part qui est actuellement de 12,5%. «Nous avons trouvé à Alger un accord de vue complet et nous allons privilégier les accords à long terme entre Gaz de France et Sonatrach». Les deux sociétés sont actuellement en cours de négociations pour la reconduction des contrats à long terme liant les deux groupes. Après le conflit entre la Russie et l'Ukraine autour du gaz et qui a donné froid aux pays de l'Union européenne en hiver passé, il n'est pas inutile de rappeler que Total et Gaz de France sont présentes à hauteur de 12% dans la construction du nouveau gazoduc Algérie-Espagne (connu sous le nom de Medgaz, et souhaitent acheter une partie du gaz qui y transitera. «Nous allons réaliser une connexion Espagne-France de sorte que les achats additionnels France-Algérie y transitent». L'arrivée imminente de Thierry Breton, ministre français de l'Economie en Algérie, lèvera une partie du voile qui concerne ces questions et qui vont dans le sens du renforcement des relations privilégiées entre les deux pays.