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«Le gouvernement d'Ennahdha cherche son salut dans des actions de diversion contre le terrorisme» Lazhar Akermi. Dirigeant de Nidaa Tounes et ex-ministre de l'Intérieur
Malgré sa surcharge d'activités en cette phase délicate de l'histoire de la Tunisie, le membre du bureau exécutif de Nidaa Tounes, Lazhar Akermi, s'est prêté à nos questions entre deux coups de fil. Me Akermi est l'ex-ministre de la Réforme sécuritaire dans le gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi. Il est aussi un ancien combattant dans les rangs de la résistance palestinienne (1982 à 1987 en Syrie). M. Akermi est, en outre, journaliste et a beaucoup écrit sur la question djihadiste. Interview. - Comment expliquez-vous cette récente montée de l'activité des djihadistes en Tunisie ?
Je ne suis pas d'accord sur la présentation de la situation comme étant montée de l'activité des djihadistes. Ce qui a vraiment changé, c'est la gestion politique du dossier pour l'exploiter en cette période de pression populaire pour la chute du gouvernement d'Ennahdha. Les islamistes cherchent leur salut dans des actions de diversion contre le terrorisme, sans qu'il y ait une véritable politique d'éradication du phénomène qui a atteint une ampleur dangereuse en Tunisie. Donc, alors que le gouvernement laissait faire auparavant, il est allé jusqu'à présenter les camps d'entraînement des djihadistes comme étant des camps d'activités sportives, il communique sur le danger terroriste et réclame l'union nationale sacrée pour barrer la route aux djihadistes.
- Cette analyse n'est-elle pas un peu trop orientée contre Ennahdha ?
Loin de là ! Ma lecture tire son origine de l'analyse des événements vécus par la Tunisie durant ces deux dernières années, ainsi que de l'attitude de la confrérie dans plusieurs pays arabes, avec cette exploitation courante de la donne salafiste pour faire peur à la population. Les activités salafistes surgissent régulièrement pour contrer un élan populaire qui va à l'encontre des intérêts des gouvernants, la troïka gouvernante pour le cas d'espèce. Il ne faut jamais oublier les propos de Ghannouchi sur «ses enfants les salafistes djihadistes, qui lui rappellent sa jeunesse», ni lorsqu'il leur explique que «l'application de la charia est une question de temps». Rappelez-vous que Ghannouchi n'a pas utilisé le terme «terroriste» dans son communiqué condamnant les publications accusatrices de l'Algérie d'être derrière les incidents en Tunisie.
- Comment votre parti va-t-il réagir politiquement à la situation ?
Nidaa Tounes réagit au sein de l'alliance l'Union pour la Tunisie, et coordonne avec le Front populaire. Ce bloc opposant n'a cessé de faire des actions populaires pour soutenir l'armée et les forces de l'ordre dans leur lutte contre le terrorisme. Mais sur le terrain politique, nous continuons à réclamer la chute du gouvernement de la troïka et l'instauration d'un gouvernement de salut national. C'est Ennahdha qui est responsable de la montée du djihadisme en Tunisie. Si l'opposition lâche prise, Ennahdha reviendra à sa complaisance avec les djihadistes.