Pour le dernier 3 mai 2006, Journée de la liberté de la presse, le ministère de la Communication, que tout le monde croyait disparu comme le bateau Béchar, a refait surface. Pour sa modeste contribution à l'information générale, il a donné les chiffres des tirages des titres de presse, grand secret jalousement gardé par les 119 journaux algériens. Pourquoi ces chiffres étaient-ils secrets ? Parce qu'il y a d'abord la guerre du leadership des journaux (qui est premier et qui est dernier ?) et surtout la mainmise des structures du renseignement de l'Etat sur la publicité publique, ceux-ci ne reversent pas l'argent des contribuables aux journaux en fonction de leurs ventes, mais en fonction de leur degré d'allégeance. Les chiffres publiés ont donc posé problème et, dans le petit monde des patrons de presse, une sourde colère s'est installée, venue principalement des journaux aux tirages insignifiants qui engrangent en secret de grosses sommes d'argent (3 milliards en moyenne par mois pour un tirage moyen de 10 000 exemplaires), et surtout sans le mériter. Offusqués que ces chiffres soient publiés, ils ne s'en sont à aucun moment pris à ceux qui les ont produits, les imprimeurs et le ministère de la Communication, mais à ceux qui les ont repris. S'il est anormal pour un organe d'information de fustiger ceux qui donnent des informations, à part ceux qui font leur travail, la presse n'est donc encore que ce que l'Algérie est, une sombre machine pas très claire qui fonctionne au téléphone, aux complots de couloir et à l'électricité gratuite. La seule bonne nouvelle est que le ministère de la Communication est réapparu. Peut-être que les autorités vont même nommer un ministre pour le secteur. Qui ? Benchicou devrait sortir dans quelques jours si toutefois une nouvelle plainte n'est pas déposée contre lui. Pourquoi pas ?