Chaque soir à 21h30 pile débutent les projections populaires du festival. Le choix du programme de la Piazza Grande n'est pas fait au hasard La sélection officielle du 66e Festival du film de Locarno, choisie par son nouveau directeur artistique, Carlo Chatrian, comprend vingt films parmi lesquels le jury choisira le prestigieux Léopard d'Or le 17 août prochain. La plupart de ces films appartiennent à la catégorie «Art et essai». Les projections se passent dans la luxueuse salle du Casino de Locarno (pour la presse) et dans une salle immense, la Févi, à la périphérie de la ville. Pala-Vidéo, La Sala, l'Altra Sala, Rialto et Rex projette le reste du programme. Au Casino, les journalistes croisent chaque soir les clients des salles de jeux qui n'ont pas l'air de Suisses au chômage. Et chacun va de son côté espérant une heureuse surprise : un jackpot ou un bon film... A quelques dizaines de mètres du Casino, il y a un déploiement spectaculaire de foules, de marchands de glaces, de boissons, de lumières, de musique sur la Piazza Grande où, chaque soir à 21h30 pile, débutent les projections populaires du festival. Le choix du programme de la Piazza Grande n'est pas fait au hasard. A quelques exceptions près, comme cette année, les films de Werner Herzog et Otar Iosseliani, sur la Piazza, il faut des films grand public, qui méritent le déplacement de milliers de spectateurs qui sont, certains soirs, au nombre de 8 à 10 000 sagement assis ou allongés devant l'immense écran. Le 66e Festival du film de Locarno, avec une organisation de premier plan, ressemble au beau mécanisme d'une montre suisse. Le festival reçoit une confortable subvention du gouvernement de Berne. Mais plus confortables encore sont les subventions des riches sponsors privés : banques, bijoutiers, Swisscom,la compagnie d'électricité qui donne au festival un bâtiment magnifique sur la Piazza Grande : la Sopracenerina et même la mairie qui réserve une belle salle pour le travail de la presse. Dans l'optique cinéphile de la compétition, certains films appartiennent au genre docu-fiction. Dans Gare du Nord, la cinéaste française, Claire Simon, expose crûment la vie quotidienne de la grande gare de Paris. Les milliers de vies qui s'y croisent à chaque instant,les centaines de trains qui arrivent et repartent, l'épuisement des voyageurs traînant leurs bagages, affolés, courant sur les quais et aussitôt partis, disparus vers Londres ou Bruxelles. Gare du Nord : carrefour hallucinant où bifurquent tant de destins dans une tension, une passion (de partir) perpétuelles. Assez réussi aussi, Pays barbare, docu qui rassemble des archives de l'occupation coloniale de l'Ethiopie par l'Italie. Mieux encore : Tableau noir du Suisse Yves Yersin ressemble beaucoup au travail de Malek Bensmaïn (La Chine...) sur une école d'un village des Aurès. C'est pratiquement la même démarche. Ici,le film se déroule dans un village de cinq maisons à 1500 mètres d'altitude dans le Jura. Dans cette chronique, les enfants de 6 à 10 ans se montrent réellement captivés par leur travail scolaire et pas indifférents à la situation exceptionnelle où se trouve leur petite école. C'est aussi un hommage aux maîtres d'école qui font avec passion un métier difficile.