Karim Moussaoui présente Les jours d'avant, en compétition dans la section Léopards de demain au 66e Festival de Locarno (7-17 août). Denzel Washington est le héros de 2 Guns,film américain de Baltazar Kormakur, qui ouvrira, le 7 août, le festival sur la Piazza Grande. Une histoire sur fond de trafic de drogue. Le Festival de Locarno, considéré en Suisse comme le «top event» culturel, pratique une politique de recherche, d'hommages, de rétrospectives au sens le plus large possible. Open Doors, section consacrée cette année au cinéma de Georgie, Azerbaïdjan et Arménie, rassemble quasiment toute l'œuvre de Artavadz Pelechian, figure historique et incontestée du cinéma arménien. Le travail magnifique de Tariq Téguia Un subtil dosage d'hommages et de rétrospectives réunit cette année les cinéastes, George Cukor, Werner Herzog, Ottar Iosseliani, Paulo Rocha et les acteurs et actrices, Anna Karina, Jacqueline Bisset, Sergio Casttellito. De même que Marilyn Monroe dans le documentaire Marilyn :The Last Days de Patty Ivins Spetch. Anna Karima pour sa part présentera L'Etranger de Luchino Visconti, tourné à Alger. Au programme aussi quatre films syriens réalisés par Reem Ali : Runda Maddah, Hisham al Zouki, Nidal Hassen et Nidal al Did. Sans doute parce qu'Alger est en passe de (re) devenir un berceau du cinéma d'auteur, à commencer par le travail magnifique de Tariq Téguia, le Festival de Locarno a choisi de sélectionner Les jours d'avant dans une section consacrée à un cinéma qui n'est ni commercial ni de divertissement, mais qui se situe à l'extrême opposé. Karim Moussaoui part sur les traces de Rabah Ameur-Zaimeche qui, il y a deux ans, a fait un tabac sur les rives du lac Majeur, avec son très beau film, Les chants de Mandrin. Dans la même trajectoire, 20 films en première mondiale sont présents dans la compétition officielle, ils s'ajoutent aux 15 productions de la section Cinéastes du Présent. Le Festival de Locarno a montré depuis longtemps son attachement au cinéma des contrées lointaines. Dans le programme, des films viennent de Chine, Corée du Sud, Japon, Taïwan, Indonésie, Thailande, Australie, Argentine, Mexique, sans compter Open Doors et sa sélection d'Asie centrale. Le Festival de Locarno, c'est l'échiquier mondial, mais aussi national, avec l'ensemble des récentes productions suisses à découvrir, notamment des films d'auteurs connus, comme Yves Yersin, Lionel Baier ou Jean-Marie Straub, dont le dernier film est une production helvétique. On dirait que Straub ne s'arrête jamais de tourner. A une époque, c'était Godard. Mais à peine un film bouclé, Straub entame le tournage d'un nouveau. Les deux extrêmes se rejoignent A Locarno, il s'agit d'un essai de 35 minutes : un conte de Michel de Montaigne. Straub a, semble-t-il, choisi un texte du volume II de Montaigne, période de transition entre le Moyen-Age et les temps modernes, où le grand penseur français (de Bordeaux) raconte une aventure qui lui est arrivée et comment cette expérience douloureuse l'a sauvé du danger. Au Festival de Locarno, les deux extrêmes se rejoignent. Entre le film de Denzel Washington, un «block-buster» qui va rapporter des millions de recette dans le monde et ce phénomène rarissime d'un essai sur les Essais de Montaigne, infiniment plus modeste, il y a tout un monde qui explique la diversité et l'attraction du «top event» suisse.