Une ultime réconciliation ? Le président par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Abdelkader Bensalah, réunira, aujourd'hui, les parlementaires et les cadres de sa formation. Il est de tradition au sein de ce parti politique que le leader organise une cérémonie à chaque fête de l'Aïd. M. Bensalah n'a pas rompu avec ce rituel, qui sera une ultime occasion de réconcilier les deux ailes antagonistes (les proches de l'ex-secrétaire général, Ahmed Ouyahia, et ses adversaires) et de calmer les esprits chauffés à blanc en cette période de désignation de nouveaux coordinateurs de wilaya. L'arbitrage de M. Bensalah a été sollicité, à ce sujet, par les militants des régions de Béjaïa, Blida, Bouira, Chlef, Tindouf… Une opportunité à saisir pour jouer la carte de l'apaisement et appeler les militants à faire preuve de bon sens. D'aucuns estiment que la contestation demeure vive au sein de ce parti et les militants continuent à se livrer bataille autour de la désignation des coordinateurs de wilaya. L'instruction de Bensalah, relative à l'élection au lieu de la désignation de congressistes au niveau de la base, continue de susciter le mécontentement dans plusieurs wilayas. L'autre fait décrié par la base a trait à la supervision de cette opération par les coordinateurs de wilaya et l'approbation de la liste par la commission nationale. Il y a quelques jours, les militants de Béjaïa ont manifesté ouvertement leur mécontentement quant à la désignation de Amor Mehdi au poste de coordinateur en remplacement de Allilat qui a démissionné pour des raisons de santé. Le nouvel élu, pourtant issu de la frange des redresseurs, est contesté par la base RND de Béjaïa. «La bataille, aujourd'hui, n'oppose pas uniquement les proches et les adversaires d'Ouyahia, mais plutôt les redresseurs entre eux. A Béjaïa, ce sont les redresseurs qui s'opposent à l'un des leurs», explique une source proche de ce parti. Les militants de cette région ont fait le déplacement jusqu'à Alger, au siège de Ben Aknoun, afin d'exposer leurs préoccupations et de demander l'intervention de M. Bensalah pour mettre le holà «aux opportunistes». Selon eux, le nouveau coordinateur de Béjaïa, dont le nom a été proposé pour faire partie de la commission de préparation du congrès du RND, ne fait pas l'unanimité. Ailleurs, comme à Blida, ou à Bouira… la base veut de nouvelles têtes, des coordinateurs qui n'ont rien à avoir avec l'ère Ouyahia. Seulement, cette option est rejetée par beaucoup de militants, arguant que la désignation d'un coordinateur doit se faire en s'appuyant sur plusieurs critères, notamment le parcours du militant, son ancienneté, sa capacité à mobiliser les troupes. «Les redresseurs, qui réclament la désignation de leur proche au poste de coordinateur de wilaya, cherchent à maintenir la pression parce qu'ils n'ont aucun ancrage au sein de la base», explique un militant, regrettant le retour de certains «ténors» qui ignorent tout du fonctionnement du parti. «Certains coordinateurs ont failli à leur mission, d'autres ont mené à bien leur tâche. Le comble est qu'aujourd'hui on veut mettre à la tête des wilayas des personnes qui ne connaissent ni les secrétaires généraux du parti, ni les maires et encore moins les parlementaires. Ils sont déconnectés», s'indigne un militant qui avait dénoncé l'autoritarisme de Ouyahia. «Aujourd'hui, certaines personnes tentent de reconduire ces mêmes pratiques, ce que nous réfutons en bloc», réplique un militant de Béjaïa. Beaucoup de cadres et militants du RND pensent que la crise qui secoue le parti ne sera pas résolue de sitôt, la situation se corsera à l'approche de la date du congrès et qu'il est, actuellement, difficile d'unifier les rangs du parti. Ce vœu cher à Bensalah reste au stade du slogan.