Les créanciers du Club de Paris ont accueilli favorablement l'offre de la Russie de rembourser par anticipation l'intégralité de sa dette rééchelonnée par le club, soit un montant de 22 milliards de dollars, a annoncé mercredi dernier l'institution. Lors du tour d'horizon mensuel, mercredi, les représentants des pays créanciers du Club de Paris ont eu des discussions préliminaires sur l'offre faite par la Russie de rembourser l'intégralité de sa dette rééchelonnée par le Club de Paris, soit un montant de 22 milliards de dollars (et) ont accueilli favorablement cette offre", selon le Club de Paris. Le président russe Vladimir Poutine avait proposé le 24 avril à Tomsk, en marge du sommet russo-allemand, de "rembourser entièrement" cette année le reste de la dette de Moscou à l'égard du Club de Paris, y compris celle envers son principal créancier, l'Allemagne. Les pays créanciers ont accepté d'ouvrir en juin "des négociations sur un accord multilatéral qui préciserait les principales conditions d'un tel remboursement anticipé (...). Il y lieu de rappeler que la Russie est considérée parmi les plus gros débiteurs qui bénéficient aujourd'hui de situations financières épanouies grâce à la flambée des cours du pétrole. Cependant la Russie ne bénéficie encore en fait que d'"accueil favorable", en prélude à l'ouverture lors de la prochaine réunion en juin de "négociations sur un accord multilatéral qui préciserait les principales conditions d'un tel remboursement anticipé". Ce feu vert, même lorsqu'il sera formellement acquis, ne constitue qu'un premier pas puisqu'il revient au final à chaque pays créancier de décider s'il accepte ce paiement anticipé ou non. Des négociations bilatérales en ce sens sont déjà en cours. Le Club de Paris ne précise pas de calendrier, mais indique qu"'une majorité de pays créanciers ont d'ores et déjà indiqué leur volonté d'accepter la proposition de la Russie". Toutefois, l'Allemagne, principal créancier de la Russie, pourrait poser problème à ce paiement anticipé pour des raisons de montage financier : le gouvernement allemand avait vendu 5 milliards d'euros d'emprunts russes en 2004 sous la forme d'obligations "Aries" à des investisseurs privés, afin d'alléger le déficit de ses finances publiques. Mais il avait lui-même gardé des créances envers la Russie en s'engageant à les conserver. Au final, l'Allemagne pourrait donc ne pas participer au remboursement de manière très significative, explique-t-on de source proche du dossier. Le deuxième plus gros créancier de la Russie est l'Italie avec un peu moins de 3 milliards de dollars. Par ailleurs, pour mieux montrer l'aisance financière dont bénéficie le pays actuellement, la Russie a annoncé son intention de lever les restrictions aux entrées et sorties de capitaux imposés après le défaut de paiement de 1998 (crise financière russe d'août 1998) à dater du 1er juillet. Le ministre des Finances russe Alexeï Koudrine, cité par les agences russes a déclaré que le pays "a accumulé un potentiel suffisant pour (se) considérer comme un pays disposant d'une devise parfaitement stable dont la solidité est garantie pour de nombreuses années quelle que soit la tournure des événements". Cette mesure devrait donner plus de liberté aux entrepreneurs russes désireux d'investir à l'étranger et encourager les investissements étrangers en Russie. "La convertibilité d'une monnaie dans le monde dépend de la libre circulation des capitaux, mais certains pays, comme la Russie, la Chine et l'Inde, imposent des restrictions qui ne permettent pas d'investir des capitaux dans les pays voisins", a estimé le ministre. Le président russe Vladimir Poutine avait annoncé mercredi dans son discours à la Nation le passage à une convertibilité totale du rouble avant le 1er juillet 2006, alors que ce pas était prévu précédemment pour le 1er janvier 2007. Vladimir Poutine a souligné également que le rouble devait être utilisé plus largement comme monnaie de réserve et dans les échanges internationaux, notamment énergétiques et préconisé à cette fin la création en Russie de Bourses d'échange pétrolière, gazière et d'autres marchandises.