Entre 1985 et 2005, l'Algérie a versé 117,9 milliards de dollars, dont près de 84 milliards de remboursement du principal et 34 milliards de dollars d'intérêt. C'est dire... Les réserves de change procurées par les recettes d'hydrocarbures permettent donc au pays de ne pas étaler les remboursements comme cela était prévu dans les accords de rééchelonnement signés en 1994 et 1995. Procédure assez rare dans les milieux bancaires internationaux, le remboursement anticipé de la dette a séduit le gouvernement algérien. Une délégation, menée par le ministre des Finances et comprenant notamment le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, se trouve depuis hier pour négocier avec le Club de Paris, cercle informel des créanciers publics. L'avantage de cette démarche est de faire l'économie des intérêts. Entre 1985 et 2005, l'Algérie a versé 117,9 milliards de dollars, dont près de 84 milliards de dollars de remboursement du principal et 34 milliards de dollars d'intérêts. C'est dire... Les réserves de change procurées par les recettes d'hydrocarbures permettent donc au pays de ne pas étaler les remboursements comme cela était prévu dans les accords de rééchelonnement signés en 1994 et 1995. Avec une ardoise auprès du Club de Paris qui s'élève à un peu moins de 8 milliards de dollars, l'Algérie avait officiellement proposé, le 15 mars dernier, de rembourser cette somme “au pair” (c'est-à-dire en valeur nominale) et par avance. Elle souhaite pouvoir s'exécuter dès le mois de juin. Le Club de Paris, qui rassemble les 19 principaux pays créanciers de la planète (tous des pays développés), devrait faire aboutir cette requête lors de son “tour d'horizon” mensuel prévu à Paris, aujourd'hui et demain. Mais une telle mesure, même une fois paraphée, ne constitue qu'un premier pas, puisqu'il revient au final à chaque pays de décider s'il accepte ce paiement anticipé ou non, rappelle-t-on auprès du Club de Paris. Certains créanciers ont déjà commencé à négocier bilatéralement avec l'Algérie et pourraient être “en mesure d'annoncer à titre bilatéral qu'ils vont participer” dès l'accord multilatéral signé. Les principaux créanciers dans le club sont l'Italie (1,7 milliard de dollars), la France (1,6 milliard) et les Etats-Unis (1,2 milliard). La Russie, également riche de son pétrole, est le seul pays à avoir fait appel à cette procédure. Avec ses réserves de change de 61 milliards de dollars, l'Algérie a déposé une demande similaire au Club de Londres pour le remboursement anticipé de la dette commerciale rééchelonnée auprès des créanciers privés, estimée à un milliard de dollars. Avec cette manne, l'Algérie ne sera pas éligible à obtenir une reconversion de la dette en investissements. Les créanciers accordent cette faveur aux pays les plus pauvres. Du coup, les négociations avec la France n'ont aucune chance d'aboutir. Y. KENZY