Le discours économique d'aujourd'hui considère que la PME est un des vecteurs essentiels de la croissance en raison de la valeur ajoutée qu'elle crée et les emplois qu'elle procure. Les statistiques officielles corroborent cela puisqu'elle contribue pour 71% à la formation du PIB et génère plus d'un million de postes de travail. Ce n'est pas rien dans une économie ballottée entre la rente et la compétitivité. Mais c'est la face dorée de la médaille. L'autre revers cache la vulnérabilité de la PME qui évolue dans un environnent non propice pour les affaires que ce soit au moment de la création (parcours du combattant pour créer un projet, difficulté pour le montage financier) ou lors du fonctionnement (problème de recouvrement, donc de trésorerie, longs délais de paiement, distorsion de concurrence...). Dans toutes les précédentes étapes du développement, la PME était reléguée à un rôle de figuration. L'allocation des ressources et la préférence allait aux grosses entreprises qui tournaient en moyenne pour chacune d'elle avec des effectifs compris entre 2000 et 6000 agents. Le faux plein-emploi et la fausse paix sociale n'avaient pas de prix. Mais au fil du temps et des échecs, on s'est rendu compte que ce n'était pas la bonne solution. Changement de cap, la PME sortait de l'ombre et on lui créa même un ministère. Seulement voilà et comme toujours chez nous, on se focalise sur quelque chose sans pour autant intégrer cette chose dans un ensemble. Le résultat est que aujourd'hui, la vulnérabilité des PME ne semble pas intéresser grand monde alors que, comble du paradoxe, tous les espoirs pour basculer de l'économie de la rente vers l'économie de la compétitivité reposent sur cette PME qui, avec tous les efforts entrepris depuis ces dernières années en termes de dispositifs publics d'aide à la création et de facilitation, on comptabilise tout juste quelque 380 000 petites et moyennes entreprises, tous secteurs d'activités confondus. Au vu de la mobilisation institutionnelle et des mesures mises en œuvre pour encourager la création des PME, solution idoine pour irradier le chômage et intégrer la population dans l'économie, on ne peut que reconnaître l'engagement des pouvoirs publics pour traduire dans les faits les postions prises à l'égard de ce vecteur de la croissance. L'effort doit être dirigé beaucoup plus sur le nerf de la guerre qu'est l'argent, comment l'obtenir et auprès de qui. C'est en fait là ou réside le vrai problème. Et à ce niveau là, force est de constater que les choses n'ont pas beaucoup évolué parce que tout simplement, tous les acteurs, aussi bien banquiers qu'opérateurs sont restés prisonniers des formes classiques de financement, à savoir le crédit bancaire stricto sensu avec une approche qui ne correspond pas au statut de la PME. Tout le monde convient que la PME est une activité à risque (fonds propres inexistant, faible rentabilité...) et que l'appréciation du risque PME en création ou en développement est tout aussi difficile (opportunité du projet, problème de solvabilité du marché, compétence et capacité du créateur à gérer et mobiliser les ressources...) à évaluer. Cette spécificité des risques PME appelle normalement une approché différente de celle retenue pour les grandes entreprises. Des progrès restent donc à faire sur ce plan. Mais en attendant que cette nouvelle culture du risque se généralise et devient un lieu commun pour tous les intervenants dans la chaîne du financement de la PME, il faut orienter les créateurs pour contourner la difficulté sur les autres alternatives qui existent et elles sont en l'état actuel nombreuses en Algérie pour peu que l'on s'y intéresse. La caisse de garantie des investissements en gestation depuis plus d'une année nécessite d'être opérationnelle au plus vite pour fouetter la création et libérer les projets bloqués pour absence de financement et qui sont évalués à plus de 100 000. Le FGAR en deux ans d'activité avec 103 projets de création garantis pour 2 milliards de dinars et des difficultés à travailler avec les banques, a fait ce qu'il pouvait compte tenu de la limitation de ses ressources et l'environnement dans lequel il évolue. Les autres solutions qui pourraient pallier efficacement la difficulté de trouver un financement classique sont disponibles aujourd'hui sur le marché du crédit, c'est le leasing, le capital investissement et les fonds d'investissements. Le développement d'un tissu de petites entreprises est un facteur vital de la croissance économique. Si avec 380000 petites entreprises, on a enregistré la création de prés d'un million d'emploi, avec l'objectif de réaliser 1 million d'entreprise, il sera créé 3 millions d'emplois. C'est un défi majeur pour le pays. Il reste à travailler sérieusement sur cette vulnérabilité de la PME.