“Au XXIe siècle, les batailles économiques se remportent grâce à la bonne gouvernance et la valorisation du savoir " Commission Jacques Attali.Contrairement aux nombreux rapports élaborés en vase clos en Algérie sous le sceau " confidentiel- top secret"comme ceux de la réforme de l'Etat, la réforme de l'éducation, la réforme de la justice,la nouvelle organisation économique du secteur public, le rapport sur les salaires, ce présent rapport, et cela est valable pour d'autres rapports aussi importants aux USA, en Europe, en Asie, est débattu publiquement en France avec l'aide des intellectuels, praticiens, politiques, journalistes spécialisés et de la société civile , au niveau de tous les médias lourds et les quotidiens à grand tirage. Car, au moment où le monde est devenu une maison de verre avec la révolution de l'Internet et les satellites , qu'il est inquiet de son avenir et réfléchit par des actions concrètes aux moyens d'y remédier, au moment où les scientifiques prospectent à la fois les fonds cachés des océans et prospectent l'espace ( ce monde infiniment grand et infiniment petit analysé minutieusement par le grand penseur Pascal) , l'Algérie vit un immobilisme inquiétant , rendu d'autant pus inquiétant que règne de la part de nos dirigeants une autosatisfaction inexpliquée face au désarroi tant de la population angoissée face à son avenir et d'une jeunesse désespérée livrée à elle même. C'est dans ce contexte que je juge important de faire une synthèse du rapport de la commission Jacques Attali intitulé "300 propositions pour la libération de la croissance française ", dont le fondement est l'Etat de droit et une économie de marché concurrentielle dans le cadre de l'interdépendance mondiale avec la dominance des acteurs économiques privés, avec un rôle stratégique à la société civile et à l'Etat régulateur comme facteur de cohésion sociale. Ce rapport, certes conçu à la demande du Président Sarkozy pour l'économie française, peut être une source d'enseignements pour nos économistes et nos politiques en Algérie (1). 1. Bilan mitigé et urgence de profondes réformes D'emblée pour les auteurs, il devient urgent pour la société française de s'adapter à ce monde globalisée, turbulent, en perpétuel changement. Dans ce rapport il est constaté qu'en 40 ans, la croissance annuelle de l'économie française est passée de 5 % à 1,7 % l'an pendant que la croissance mondiale suivait le chemin inverse. Alors qu'elle était encore en 1980 la quatrième puissance mondiale en PIB et la huitième en PIB par habitant, la France n'est plus aujourd'hui que la sixième en PIB et la dix-neuvième en PIB par habitant. La croissance économique n'entraîne pas systématiquement la justice sociale, mais elle lui est nécessaire. Or, plus de 100 pays dans le monde ont aujourd'hui un taux de croissance de leur produit intérieur brut (PIB) supérieur à 5 %. L'Afrique elle-même, comme l'Amérique latine, croissent à plus de 5 % par an. La Chine connaît des taux supérieurs à 10 % depuis plusieurs années, l'Inde la talonne, à près de 9 %, l'économie russe se rétablit avec 7 % de croissance, la Turquie affiche des taux de 11 % et ouvre un immense marché où les deux tiers de la population ont moins de 25 ans. L'Allemagne a modernisé la partie orientale du pays, dynamisé son marché du travail et sa formation, développé des industries nouvelles, comme les énergies renouvelables. Le Royaume-Uni s'est engagé durablement dans la réforme de son système scolaire et de son réseau de santé, et dans la valorisation de son industrie financière. L'Italie, le Portugal, la Grèce et plusieurs nouveaux États membres ont, eux aussi, mené des réformes courageuses, pour contrôler leurs dépenses publiques, moderniser leur administration, et mieux recruter leurs agents publics. L'Espagne a œuvré pour l'accès de tous à la propriété du logement, dans une économie en quasi plein-emploi. La Suède a réorganisé son administration en agences et a développé la concurrence entre divers prestataires de services publics. Le Danemark a bâti un modèle efficace, concurrentiel, solidaire et flexible, accordant une attention prioritaire à l'éducation, à la recherche, au dialogue social et au plein-emploi. La Finlande est devenue un leader mondial dans la compétitivité, grâce à une politique efficace de recherche et d'innovation. Tous ont compris l'urgence qu'il y a à accueillir des étrangers pour combler leurs lacunes démographiques et pour développer des innovations La raison de cette récession relative de la France par rapport à ces pays, est que depuis 20 ans, elle n'a pas su se réformer. N'ayant pas abandonné un modèle hérité de l'après-guerre, alors efficace mais devenu inadapté, la France reste très largement une société de connivence et de privilèges. L'Etat réglemente toujours dans les moindres détails l'ensemble des domaines de la société civile, vidant ainsi le dialogue social de son contenu, entravant la concurrence, favorisant le corporatisme et la défiance. Alors que notre époque requiert du travail en réseau, de l'initiative et de la confiance, tout se décide encore d'en haut, tout est contrôlé dans un climat de méfiance générale. Les dépenses publiques françaises sont les plus élevées de tous les pays de l'OCDE et augmentent encore plus vite que la production. C'est que le Français produit 35 % de moins qu'un Américain au long de sa vie active. La rente est triomphante : dans les fortunes foncières, dans la collusion des privilégiés, dans le recrutement des élites. Seules 5 000 entreprises ont plus de 250 salariés. Trop peu d'universités françaises sont prises au sérieux dans le monde. Trop peu de chercheurs travaillent sur les sujets d'avenir, et la compétitivité baisse. Le chômage des jeunes, scandale absolu, constitue la preuve de la faillite d'un modèle social : il s'élève en moyenne à 22 % et grimpe jusqu'à 50 % dans certains quartiers. Plus de un million de personnes doivent survivre avec le Revenu minimum d'insertion (RMI, soit 441 euros brut pour une personne seule sans enfant) et seuls 338 800 d'entre eux sont inscrits à l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE), dont la prise en charge du chômage est de moins en moins efficace. Les jeunes, les femmes, les seniors trouvent particulièrement mal leur place dans l'économie. Car, pour les experts de la commission, le monde change à très grande vitesse ; il est emporté par la plus forte vague de croissance économique de l'histoire, créatrice à la fois de richesses inconnues et d'inégalités extrêmes, de progrès et de gaspillage, à un rythme inédit. L'humanité en sera globalement bénéficiaire. La France doit en créer sa part. Cela exigera le courage de réformer vite et massivement Cette croissance économique n'est pas une abstraction. Elle peut et doit concerner toutes les dimensions du bien-être, et d'abord celle de la liberté réelle qui permet à chacun, quelle que soit son origine, de trouver ce pour quoi il est le plus doué, de progresser dans ses connaissances, dans sa situation professionnelle, dans ses ressources et celles de sa famille, de réussir sa vie et de transmettre son savoir et ses valeurs. Réciproquement, la croissance économique se trouve renforcée par cette liberté et les initiatives qu'elle permet. Les puissances détentrices de rentes peuvent croître et investir grâce à la hausse du prix des matières premières. L'avenir réserve au monde un potentiel de croissance plus considérable encore : des progrès techniques majeurs s'annoncent, venus du Sud comme du Nord ; la population mondiale va augmenter de 3 milliards de personnes en moins de 40 ans et un énorme capital financier est disponible. Si la gouvernance politique, économique, commerciale, environnementale, financière et sociale de la planète sait s'organiser, la croissance mondiale se maintiendra très durablement au-dessus de 5 % par an. De fait, certains pays de notre continent s'y préparent mieux que d'autres. Aussi s'agit-il de réaliser huit (8) ambitions selon une vision stratégique et non par des actions conjoncturelles et ce, entre 2008/2012 avec un calendrier précis des réalisations qui doivent être synchronisées pour éviter les incohérences : 1- préparer la jeunesse à l'économie du savoir et de la prise de risque ; 2- participer pleinement à la croissance mondiale et devenir champion de la nouvelle croissance ; 3- améliorer la compétitivité des entreprises françaises, en particulier des PME ; 4- construire une société de plein-emploi ; 5- supprimer les rentes, réduire les privilèges et favoriser les mobilités ; 6 Créer de nouvelles sécurités à la mesure des instabilités croissantes ; 7- instaurer une nouvelle gouvernance au service de la croissance et enfin 8- ne pas mettre le niveau de vie d'aujourd'hui à la charge des générations futures. L'objectif stratégique est un taux de chômage ramené de 7,9 % à 5 %, c'est-à-dire le plein-emploi ; plus de 2 millions de logements construits et au moins autant de rénovés ; le chômage des jeunes divisé par trois ; le nombre de Français sous le seuil de pauvreté ramené de 7 à 3 millions ; plus de 10 % des élus à la prochaine Assemblée nationale issus de la diversité ; l'écart de l'espérance de vie entre les plus favorisés et les plus défavorisés réduit de un an ; plus de 10 000 entreprises créées dans les quartiers et les banlieues ; un senior sur deux au travail au moment de prendre la retraite, au lieu de un sur trois aujourd'hui ; un taux d'encadrement dans le premier cycle de l'enseignement supérieur identique à celui des classes préparatoires ; une dette publique réduite à 55 % du PIB et enfin une fréquentation touristique atteignant plus de 90 millions de visiteurs annuels. 2.- croissance mondiale et adaptation par la mobilité Premièrement , la condition clef est la valorisation du savoir par une éducation qui forme des générations créatives et confiantes en faisant émerger sur le territoire 10 grands pôles universitaires et de recherche de niveau mondial et distinguer 10 pôles universitaires de taille mondiale alliant pluridisciplinarité et excellence. La Commission propose d'ouvrir l'enseignement supérieur à l'international en mettant en place un classement annuel des universités européennes, développer les cursus en langues étrangère, anglais, arabe, espagnol et chinois, afin de mieux préparer les étudiants à la mondialisation et d'attirer des étudiants étrangers. Deuxièmement, développer les très petites entreprises (TPE, moins de 20 salariés) et les petites et moyennes entreprises (PME, moins de 250 salariés) qui sont un facteur clé de la croissance et de l'emploi. Au sein de l'Union européenne, les 23 millions de PME représentent 99 % de l'ensemble des entreprises et fournissent environ 75 millions d'emplois. En France, sur 2 700 000 entreprises, à peine 5 000 ont plus de 250 salariés. 95 % ont moins de 20 salariés. 920 000 comptent moins de 10 salariés. Les PME emploient, à elles seules, 75 % des salariés du secteur privé. Les entreprises de moins de 500 salariés ont créé près de 1,8 million d'emplois. La taille des PME françaises reste réduite au regard des principaux partenaires, notamment allemand et américain. Troisièmement investir dans les secteurs porteurs, notamment le numérique, la santé, l'agro-industrie, l'énergie et l'environnement, la finance, les transports, le tourisme et les services à la personne. Quatrièmement, affirmer une politique énergétique moins dépendante et plus durable qui doit s'articuler autour de la sécurisation de l'approvisionnement pétrolier et gazier dans le contexte d'un pétrole cher, supérieur à 100 $ le baril ; le développement des énergies sans CO2, qu'il s'agisse du nucléaire comme des énergies renouvelables ; les interconnexions permettant de développer à la fois la sécurité d'approvisionnement et l'exportation d'une partie de l'électricité produite ; l 'intensification des économies de l'énergie et l'amélioration de l'efficacité énergétique. La Commission rappelle les priorités des accords de Kyoto et l'engagement marqué de l'Union européenne au printemps 2006, où le Conseil de l'Union a confirmé son intention de réduire unilatéralement de 20 % ses émissions de gaz carbonique à l'horizon 2020 (et même de 30 % en accord avec d'autres), d'accroître de 20 % l'efficacité énergétique de son économie et d'élever à 20 % la part des énergies renouvelables. Mais l'amélioration de la croissance implique un dialogue social renforcé avec des stratégies de consultation, de concertation et de négociation efficaces et équilibrées. La loi occupant aujourd'hui un espace trop important, il faut désormais favoriser l'intervention des acteurs économiques et sociaux pour créer les conditions d'un nouvel équilibre loi/accord contractuel entre les organisations patronales et syndicales et notamment de revoir la représentativité des organisations syndicales et patronales afin de donner à la négociation collective une nouvelle légitimité. Mais tenant compte du processus de mondialisation,il devient urgent de mettre l'accent sur la mobilité sociale , géographique essentielle à la fluidité des parcours professionnels et personnels et surtout économique locale et internationale . Abderrahmane MEBTOUL (1) Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française sous la présidence de Jacques Attali (243 pages Paris Présidence française janvier 2008) largement débattu à la télévision française (France 2) le 8 février 2008 scindé en quatre parties : Première partie -participer pleinement à la croissance mondiale - deuxième partie- des acteurs mobiles et sécurisés- troisième partie- une nouvelle gouvernance au service de la croissance -et enfin quatrième partie- réussir la libération de la croissance. -Liés à ce sujet aux contributions de Abderrahmane Mebtoul " pour une meilleure efficacité gouvernementale " juin 2007 et " Inefficacité gouvernementale et détérioration du pouvoir d'achat des Algériens " septembre 2007 disponibles sur le site www. google.fr et reproduit par des sites d'organismes internationaux avec une synthèse en plusieurs langues.