En grève depuis quatre jours, les travailleurs d'Algérie Poste ont décidé de ne pas reprendre l'activité avant l'application de la nouvelle grille des salaires et le rappel avec effet rétroactif à partir de 2008. La déclaration faite par le directeur général d'Algérie Poste était la goutte qui a fait déborder le vase. Ce dernier a annoncé le versement de la première tranche du rappel promis depuis la dernière grève des postiers. Effectivement, les travailleurs d'Algérie Poste ont reçu, au début du mois de Ramadhan, une prime de 30 000 DA. Cette somme, octroyée à tous les travailleurs sans distinction (permanents, contractuels, anciens et nouvelles recrues), ne constitue, aux yeux du personnel, en aucun cas la première tranche du rappel tant attendu. D'après Tarik Amar-Khoudja, coordinateur national du Syndicat national autonome des postiers (SNAP), la première tranche est estimée à 30% de la somme global du rappel. «Du 1er janvier 2008 au mois de juillet 2013 c'est très loin de la réalité», estime-t-il, qualifiant la décision du directeur général d'Algérie Poste d'«aberration flagrante». «On attribue 30 000 DA pour le mois de Ramadhan sans aucun cadre légal. Par la suite on envoie une circulaire pour expliquer aux travailleurs que c'est la première tranche du rappel», s'étonne le M. Amar-Khoudja. Des postiers sont venus, hier, de plusieurs wilayas pour tenir un sit-in au niveau de la Grande-Poste. La grève, qui se veut nationale, a été qualifiée par les travailleurs de «mouvement spontané». Pas de porte-parole pour les travailleurs. Les délégués désignés lors de la dernière grève semblent avoir «trahi la cause des travailleurs», le syndicat affilié à l'UGTA s'étant aligné du côté de l'administration. C'est le deuxième mouvement de protestation des fonctionnaires d'Algérie Poste qui se tient sans l'aval de ce syndicat. Les travailleurs sont réticents aux mots «représentants» et «syndicats». Ils rejettent leur représentant du syndicat d'Algérie Poste affilié à l'UGTA, mais ils avouent qu'ils ne sont pas en mesure d'en désigner d'autres dans la mesure où «ces syndicalistes sont nommés et non pas élus. Ils ont des postes-clés dans l'administration. Ils ne peuvent en aucun cas défendre les intérêts des travailleurs», déplore l'un des grévistes. Par ailleurs, le coordinateur du SNAP insiste sur le fait que la place des syndicalistes est «parmi les travailleurs et non pas au camp de vacances des Andalouses». Et de poursuivre : «Les travailleurs sont libres de désigner les représentants qu'ils veulent, mais on ne veut pas tomber dans le même piège que la grève de janvier dernier où on a désigné des représentants des travailleurs qui ont vendu la mèche juste après.» Un service minimum est assuré dans plusieurs bureaux de poste par des cadres afin de «satisfaire au mieux les attentes des clients». La direction générale d'Algérie Poste a annoncé à l'APS la tenue d'une conférence de presse «prochainement», sans en préciser la date.