Nous sommes en 1977, une prima donna de la musique disco qui porte beau et bien son nom, Donna Summer (une madonne de l'été, quoi), sort un single, I feel love, issu d'un album conceptuel, I remember yesterday. Un exercice de style chronologique allant des années 1940 aux années 1960 en passant par celles de 1950. Donna Summer a bousculé l'establishment ambiant de la musique disco. I feel love est inédit, inclassable et son beat est synthétique, hypnotique et futuriste. C'est une composition première et pionnière de la musique electro, plus communément appelée, actuellement, electronica (un genre). I feel love, un morceau de bravoure entièrement électronique. Celui qui était aux manettes dans la conception innovante de I feel love, c'est le «mastermind» et producteur, Giorgio Moroder, dont la trouvaille sonique influencera la musique des années new wave 1980, house (déclinaison de la disco) et la techno. A l'image… et son de l'album Berlin Trilogy de David Bowie «bluffé» par Giorgio Moroder. Pour l'anecdote de l'avènement de l'électronique I feel love, David Bowie raconte : «Un jour à Berlin (en 1977), Eno (le fameux Brian Eno, le célèbre producteur du groupe irlandais de pop-rock, U2) est entré en courant dans le studio et dit, essoufflé : ‘‘J'ai entendu le son du futur''. Et il mit le disque vinyl de I feel love de Donna Summer. ‘‘Ce single va changer le son des clubs pour un quinzaine d'années'', ajoutera-t-il.» Une assertion et autre caution musicale d'un Brian Eno qui sera, par la suite, le maître du son dénommé ambiant (musique d'aéroport et ascenseur). Et bien, Daft Punk rend hommage au père du son techno et pair des teutons Kaftwert, Giorgio Moroder, à travers le titre Giorgio By Moroder dans l'album Random Access Memories. «Au début, j'ai voulu faire un album avec le son des années 50, le son des années 60, des années 70, et après avoir le son du futur. Je connais le synthétiseur, pourquoi tu n'utilises pas le synthétiseur c'est le son du futur ? Et je n'avais aucune idée de ce qu'il fallait faire mais je savais que j'avais besoin d'un claquement donc on a mis un claquement sur la piste 24 qui a ensuite été synchronisée par le moog modular. Je savais que cela pourrait être le son du futur mais je ne me rendais pas compte de la grandeur que l'impact aurait…»,expliquera Giorgio Moroder, le pionnier de l'electronica.