Accords funk, phrasés modulés de l'orgue encadrés par la grosse caisse et portés par une voix puissante, c'est la recette disco mise au point, en 1975 avec le tube Love to love you baby, par la mythique Donna Summer que la Camarde a emporté, jeudi dernier, à l'âge de 63 ans. Elle s'est éteinte, en Floride, des suites d'un cancer du poumon.De son vrai nom LaDonna Andrea Gaines, Donna Summer est née le 31 décembre 1948 à Boston. Le Gospel a été son premier maître de chant. Enfant, elle a formé ses cordes vocales dans le chœur de son église. Mais au lieu d'aller vers la Soul, comme beaucoup de chanteurs et chanteuses de Gospel, elle opte pour le rock et chante dans le groupe The Crow avant de se tourner vers les comédies musicales, et l'Europe. Elle quitte son Massachusetts natal pour s'installer à Munich, en Allemagne, où elle réside depuis la fin des années 1960. Elle s'y mariera et épousera un peintre autrichien, Helmut Sommer. Le nom deviendra «Summer», son nom d'artiste.Donna Summer fera entendre sa voix dans différents films dont Hair qui dénonce la guerre. Repérée par deux producteurs, Pete Bellotte et Giorgio Moroder, elle enregistre, en 1974, un premier album, Lady of the night, qui contient son premier tube, The hostage, une chanson qui parle du drame d'une femme dont le mari a été kidnappé. Mais c'est une année plus tard qu'elle signera l'acte de naissance du style disco avec Love to love you baby. Le phénomène disco est né et d'autres standards suivront dont Try me et I feel love, qui sera repris plus tard par Jimmy Somerville, Marc Almond, Beyoncé ou Madonna. Après les albums Four seasons of love et Once upon a time Donna Summer se rend compte que le disco perd du terrain. Elle revient en 1979 avec Bad days, un double album dans lequel on trouve Hot stuff et des sonorités rock. Désormais, Summer change son arme d'épaule et travaille avec le grand compositeur Quincy Jones, le faiseur de stars. Elle revient sur les devants de la scène en 1983 avec She works hard for the money, un titre très féministe avant d'être éclipsée par la nouvelle vague funk qui déferle sur le monde à la fin des années 1980. Après un passage à vide au cours duquel elle fera un usage abusif des antidépresseurs, Donna Summer remontera à la surface en opérant un retour vers le spirituel et la religion. Il faudra attendre la fin des années 2000 pour voir la reine du disco remonter un temps sur son trône grâce à des reprises qui éveillent la nostalgie des années 1970-1980.Mais même si les tendances et les vagues passent, les noms des grands artisans et créateurs restent gravés dans les mémoires, qu'ils soient morts ou simplement éclipsés par les éphémères nouveautés. Il en est ainsi de Donna Summer qui partage sa place au summum avec ces autres grands noms que sont Gloria Gaynor, Tina Turner, Diana Ross, Aretha Franklin… «Dans les années 1970, elle a régné sur l'aire du disco qu'elle a fait grimper au plus haut», dira Aretha Franklin. «Elle n'a pas seulement laissé sa marque dans mon cœur, comme d'autres, mais elle a aussi changé pour toujours la manière dont les Américains danseront et s'amuseront», confirmera Gloria Gaynor. R. C.