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Les partis politiques débordés par les organisations et associations nationales dament le pion aux partis politiques Les nouveaux acteurs de la scène politique
Les derniers développements sur la scène politique tunisienne ont révélé que les organisations nationales et les associations mènent le bal set sont désormais déterminantes dans la décision aux dépens des partis politiques l Comment s'explique ce retournement des rôles ? C 'est désormais avec Hassine Abbassi, le secrétaire général de la très puissante centrale syndicale, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), que le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, discute de l'avenir de la transition démocratique en Tunisie. Les deux hommes en sont à leur troisième rencontre en cinq jours (lundi 19 août, mercredi 21 et vendredi 23 août), pour discuter de l'initiative de l'UGTT pour sortir de la crise politique vécue par la Tunisie depuis l'assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier, et le gel des activités de l'Assemblée nationale constituante. La Centrale syndicale agit, dans ces négociations, au nom des centrales ouvrière et patronale (UGTT et Utica), de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et de l'Ordre des avocats. La troïka et l'opposition ont accepté cette initiative comme tremplin pour entamer les débats. Mais si l'opposition exige la dissolution du gouvernement, l'acceptation d'un projet de gouvernement restreint de compétences indépendantes comme préalable au retour à la table des négociations, Ennahdha propose, plutôt, un gouvernement politique d'union nationale, du moins jusqu'à l'adoption de la Constitution. L'opposition réclame également la dissolution de l'ANC, ce que refuse Ennahdha et ses alliés. L'initiative de l'UGTT coupe la poire en deux. Elle appelle à un gouvernement de technocrates, mais maintient l'ANC, tout en lui limitant les prérogatives. Hassine Abbassi a donc essayé, durant ce premier round des négociations, de convaincre Rached Ghannouchi du bien-fondé de la proposition du gouvernement de compétences, pierre angulaire de l'initiative de l'UGTT. Ghannouchi a fini par demander un break pour discuter avec les structures de son parti et ses alliés au sein de la troïka gouvernante. Comment l'UGTT et les organisations partenaires de la société civile sont-elles parvenues à se hisser au rang de principaux négociateurs à propos de l'avenir du pays ? Le quatuor d'organisations, dirigé par l'UGTT, a cherché à initier, depuis octobre 2012, un dialogue national cherchant à rapprocher les belligérants de la scène politique, pour ouvrir la voie à un projet consensuel de la Constitution, ainsi qu'un calendrier des prochaines échéances électorales. échec de la gouvernance Cette initiative est intervenue suite à l'échec des gouvernants à réaliser leurs promesses successives pour la fin de la transition démocratique en cours. Lors des rounds du 16 octobre 2012 et du 16 mai 2013, ces organisations ont seulement parrainé le dialogue et essayé de rapprocher les points de vue des acteurs politiques. Mais face à l'échec de leurs tentatives, le quatuor a proposé sa propre feuille de route pour sortir de la crise, qui consistait essentiellement à dissoudre le gouvernement Larayedh, d'installer un gouvernement de compétences, de limiter les activités de l'Assemblée nationale constituante à la finalisation du projet de la Constitution, et la formation de l'instance des élections et l'adoption de la loi électorale. Ces organismes justifient cette proposition, «consensuelle», selon Widad Bouchamaoui, présidente de l'Utica, par le fait que «l'économie nationale plonge dans la crise et chaque clan de la classe politique ne cherche pas à aller vers un compromis. Seules des compétences technocrates peuvent gérer un programme de salut national et parrainer des élections démocratiques». Ces organisations viennent donc pour suppléer l'échec des politiques, notamment le gouvernement de la troïka, pour l'exécution de la deuxième phase de la transition démocratique. Le sort de la transition démocratique en Tunisie est désormais suspendu à la réussite de cette initiative. La société civile tunisienne, rompue aux batailles démocratiques sous Ben Ali, essaie d'imposer sa feuille de route.