A la protestation des habitants contre la dégradation de leur cadre de vie, la réponse a été rapide, le soir même, un bulldozer vient labourer le centre-ville, pour, dit-on, opérer des réfections. Ce dimanche, vers 18h 30, les citoyens circulant encore au centre-ville ont été surpris de voir un engin atterrir sur les lieux pour, tenez-vous bien, entamer ce qui s'apparente à un labourage en bonne et due forme de la rue Zighout Youcef. «Ils ont exigé qu'on creuse la route, on la creuse !» nous a lancé, d'une voix visiblement déçue de la tournure des événements, le P/APC que nous avons joint dans la soirée par téléphone. A la question de savoir s'il y aura un projet de réhabilitation du centre-ville, notre interlocuteur a répondu qu'il y aura des travaux de réfections de cette route. « On va réunir dès demain (lundi) des entrepreneurs pour entamer les travaux», s'est il borné à dire. Lancer des travaux dans l'improvisions la plus totale suite à des protestations de citoyens qui ont exigé une prise en main sérieuse des multiples problèmes de cette ville, est, semble-t-il, la nouvelle mode de gouvernance au niveau local. «Quelle improvisation ! On n'a même pas tenu compte des réseaux de gaz, d'assainissement, d'AEP ou d'électricité qui peuvent éventuellement être endommagés pour lancer cet engin en pleine nuit pour creuser le centre-ville», s'est-on scandalisé. Depuis plusieurs mois, et bien avant l'arrivée des nouveaux locataires de l'hôtel de ville, la situation dans la ville d'El Milia, victime depuis de longues années, il faut l'avouer, d'une gestion hasardeuse, s'est laissée pourrir pour atteindre ce stade d'improvisation. Pratiquement, toute la ville est dans un état lamentable. Que ce soit sur le plan de l'hygiène, de l'AEP ou de l'assainissement, pour ne pas évoquer le cas de l'éclairage public, totalement défaillant, et de la circulation automobile qui se fait dans un flagrant non-respect du code de la route et du squat sauvage des espaces publics, le bilan est à tous points de vue catastrophique. «Regardez, toutes les routes sont fermées au centre-ville et celles qui sont ouvertes sont impraticables, nous avons honte de cette ville, elle est défigurée !» s'indigne-t-on. Ce lundi matin, la rue Zighoud Youcef, labourée tel un champ de blé, qui relie le centre-ville à l'hôpital et à la partie haute de la ville, est devenue infranchissable. Pour aller aux urgences de l'hôpital ou circuler dans d'autres directions, il faut emprunter d'autres voies, très accidentées, pour éviter le centre-ville.