Le président palestinien a affiché, hier, un style direct et incisif devant les députés européens. Aussi mettra-t-il en garde contre un nouveau cycle de violence au Proche-Orient et appelé à une reprise des aides financières afin d'éviter « une catastrophe humanitaire » qui se profile selon lui dans les territoires. Son propos ne revêt pas un seul aspect puisqu'il englobe tous les volets de la question palestinienne. En allant droit au but, le président palestinien a refusé que la situation actuelle profite encore une fois à Israël qui a décrété ne pas avoir d'interlocuteur palestinien comme si son intention était réellement de faire la paix. Mahmoud Abbas a averti en ce sens que l'extrémisme ne peut conduire qu'à un autre extrémisme. « La communauté internationale doit agir immédiatement pour éviter un nouveau cycle de conflits dans notre région au moment où celle-ci connaît d'autres points de tension », a déclaré M. Abbas devant les eurodéputés réunis en plénière au Parlement européen à Strasbourg. Il a affirmé qu'une intervention internationale était nécessaire pour aider Israéliens et Palestiniens à parvenir à un règlement négocié « au lieu de recourir à la politique (israélienne) de mesures unilatérales, de diktats et de négation de l'autre ». M. Abbas se référait au projet du Premier ministre israélien, Ehud Olmert, de tracer unilatéralement les frontières d'Israël avec les Palestiniens en opérant des retraits partiels en Cisjordanie et en annexant les principaux blocs de colonies. « Un tel projet compromettrait un règlement basé sur deux Etats en annexant de larges secteurs des territoires palestiniens et en transformant le reste en cantons isolés, sans lien géographique », a-t-il dit. « Mettre en œuvre ce plan anéantira tout espoir de relancer le processus de paix et inaugurera une nouvelle ère de tension et de conflit dont les peuples de la région payeront le prix », a-t-il averti. Le président de l'Autorité palestinienne a dénoncé le refus d'Israël de reprendre les négociations et « la répression et l'humiliation » dont sont victimes les Palestiniens en Cisjordanie occupée. Il a affirmé que les « allégations (israéliennes) sur l'absence d'un partenaire palestinien sont sans fondement », soulignant que les négociations de paix relevaient de ses compétences et non de celles du gouvernement Hamas que l'Etat juif, l'Union européenne et les Etats-Unis considèrent comme une organisation terroriste. M. Abbas a cependant appelé à « donner une chance » au gouvernement Hamas et mis en garde contre les conséquences humanitaires de la suspension de l'aide financière directe à ce gouvernement. « Il faut donner une chance au nouveau gouvernement pour qu'il se conforme aux exigences de la Communauté internationale », a-t-il déclaré. « La suspension des aides exacerbe une situation économique et sociale déjà détériorée. » Lors d'une conférence de presse après son intervention, il a appelé à une rapide mise en œuvre du mécanisme à l'étude par le Quartette - Etats-Unis, UE, Russie et ONU - pour acheminer une aide financière directe aux Palestiniens, sans passer par le gouvernement du Hamas. « Le peuple palestinien est menacé d'une catastrophe humanitaire si la suspension des aides est maintenue. J'appelle le Quartette à adopter le plus rapidement possible le mécanisme en question afin de prévenir cette catastrophe », a-t-il dit. « Nous sommes dans une course contre la montre. C'est une question de semaines, pas plus, et il faut donc accélérer la mise en œuvre de ce mécanisme », a-t-il ajouté. « Nos 160 000 fonctionnaires ne reçoivent plus de salaire (depuis mars) et nous n'avons plus d'argent pour faire fonctionner nos administrations. Les gens pourraient laisser éclater leur colère, entraînant une situation de chaos aux conséquences imprévisibles », a-t-il encore dit. L'Union européenne, principal donateur avec 500 millions d'euros par an, a suspendu à l'instar des Etats-Unis son aide financière directe au gouvernement palestinien après l'entrée en fonction en mars du gouvernement du Hamas, laissant l'Autorité palestinienne au bord de la banqueroute. L'UE, comme les Etats-Unis, a en revanche maintenu ses aides humanitaires aux Palestiniens. La Communauté internationale exige que le gouvernement Hamas reconnaisse Israël et les accords israélo-palestiniens passés et renonce à la violence pour reprendre les aides qui ont été suspendues. M. Abbas a en outre appelé Israël à débloquer quelque 200 millions de dollars dus aux Palestiniens au titre d'impôts et de droits de douane. « Je pense que si l'Union européenne hausse la voix envers Israël, cela pourra avoir de l'effet », a-t-il dit. Par contre, M. Mahmoud Abbas, a obtenu lundi l'assurance de la Russie pour une assistance financière au peuple palestinien. Une situation d'urgence, avec un risque élevé d'une catastrophe humanitaire. L'ONU a très vite mis en garde et cela sans précaution oratoire. Parce que la situation l'exige. La catastrophe est à nos portes, déclarait en ce sens l'organisation internationale. Pendant ce temps, Israël menace de nouvelles décisions unilatérales.