Une semaine après l'investiture du gouvernement d'union, la scène palestinienne ne connaît pas encore de remous significatifs. L'embargo international, imposé par la communauté internationale au gouvernement sortant issu du Hamas, continue de peser d'un grand poids sur les poitrines des citoyens, dont les salariés sont toujours privés de leurs dus, ce qui contribue à l'aggravation continuelle de la crise économico-financière et même politique que vivent les territoires depuis plus d'une année. La communauté internationale, représentée par le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU), poursuit sa politique de deux poids, deux mesures. Pis encore, elle donne l'impression de devenir le porte-parole de l'Etat hébreu. Les mêmes termes utilisés par le gouvernement israélien, à l'égard du cabinet palestinien, sont présents dans le communiqué du Quartette, rendu public à Washington en fin de semaine. A l'instar des dirigeants israéliens qui ont opté pour l'isolement du nouveau gouvernement, les chefs de la diplomatie du Quartette ont maintenu leurs exigences, conditionnant la reprise des aides directes au gouvernement d'union : renoncement à la violence, reconnaissance d'Israël et acceptation des accords passés. « Le Quartette s'est accordé à dire que l'engagement du nouveau gouvernement à cet égard sera mesuré non seulement sur la base de sa composition et de son programme, mais aussi sur ses actes », a toutefois ajouté le communiqué. Israël a manifesté sa satisfaction du soutien total du groupe international à ses exigences. Le Quartette a également apporté son « fort soutien » aux efforts de paix de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui a quitté Washington hier pour une nouvelle tournée au Proche-Orient. Une tournée de plus de la chef de la diplomatie américaine dont personne, au moins dans les territoires, n'attend grand-chose. Il a en outre confirmé la reconduction pour trois mois du mécanisme financier international mis en place par les Européens pour acheminer leur aide aux Palestiniens en contournant le gouvernement. Durant l'année de règne du gouvernement Hamsaoui, ce mécanisme a permis le paiement d'une partie des salaires de près de 160 000 employés de l'Autorité palestinienne et, par conséquent, a évité un effondrement total des institutions en place. « Le communiqué du Quartette reconduisant le mécanisme international de 3 mois avant de porter un jugement sur le gouvernement palestinien et soutenant les efforts de Mme Rice reflète une évolution de ses positions mais cela reste insuffisant », a pour sa part déclaré le porte-parole de la présidence palestinienne Nabil Abou Roudeina. « Il faut œuvrer immédiatement à l'application de la Feuille de route (un plan de paix international élaboré par le Quartette) et l'initiative de paix arabe », a-t-il ajouté. Heureusement et malgré cette image négative des positions de l'Occident vis-à-vis des Palestiniens, certaines voix s'élèvent pour dire qu'il faut donner une chance au nouveau cabinet. C'est le cas de la Norvège qui a décidé de normaliser ses relations avec le gouvernement palestinien ainsi que de l'Autriche, Etat membre, quant à elle, de l'Union européenne, contrairement à la Norvège. Ou encore du Parlement européen qui a appelé, jeudi, à une levée urgente de l'embargo imposé aux Palestiniens par les pays membres de l'Union européenne. Sur le terrain, Israël poursuit sans relâche ses opérations militaires, ainsi que la construction du mur de séparation, en confisquant des terres palestiniennes et en poursuivant la « judaïsation » et l'isolement de la ville sainte d'Al Qods. Tous ceux qui ont cru, par ailleurs, que les accords de La Mecque entre le Fatah et le Hamas, partenaires dans le gouvernement d'union, allaient définitivement mettre fin aux combats dans les rues, ont très vite été déçus. Plusieurs localités de la bande de Ghaza et même Ghaza-ville ont été le théâtre de combats entre des partisans du Hamas et du Fatah. Au moins 6 Palestiniens, dont un enfant de 2 ans ont été tués et des dizaines blessés depuis la nomination du nouveau gouvernement. Des responsables du Fatah accusent certaines personnes influentes au niveau des brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du mouvement islamiste Hamas, mécontents des accords de La Mecque, de vouloir détruire toute opportunité de paix civile dans les territoires. Certains observateurs parlent même de dissidence non déclarée au sein du Hamas. L'Etat hébreu ne cesse de clamer que les Palestiniens ne sont pas encore mûrs à s'autogouverner au sein d'un Etat indépendant et malheureusement ce sont des Palestiniens qui lui facilitent la tâche. A quand l'éveil ?