Le président palestinien a clôturé hier à Paris sa tournée européenne. Le président palestinien Mahmoud Abbas était hier à Paris, dernière étape de sa tournée à travers quelques pays européens où il eut à expliquer la situation où se trouvent les Palestiniens menacés par «une catastrophe humanitaire» si la suspension de l'aide internationale est maintenue. Jeudi lors de son escale finlandaise à Helsinki, le président Abbas a lancé un appel désespéré aux Européens indiquant: «L'Union européenne est un donateur important pour les Palestiniens. Le peuple palestinien a un besoin criant de son aide et elle (l'UE) devrait la maintenir selon les modalités qui lui conviennent», M.Abbas ne perdant pas espoir que le bon sens finira par l'emporter, car punir collectivement le peuple palestinien ne sera pas, à terme, payant. M.Abbas qui a eu un entretien avec la présidente finlandaise Tarja Halonen - dont le pays assumera la présidence tournante de l'UE à partir du 1er juillet prochain - a affirmé aux journalistes à Helsinki que l'UE «doit continuer son financement. Sans fonds, je ne pense pas que nous puissions survivre», a-t-il insisté. Venant d'Helsinki, après avoir visité successivement Ankara et Oslo, le président Abbas était hier à Paris où il eut des entretiens avec le président français Jacques Chirac. A Paris, comme il le fit lors de sa minitournée européenne -qui le mena en Turquie, en Norvège et en Finlande- Mahmoud Abbas a encore mis en garde contre «la catastrophe humanitaire» dont est menacé le peuple palestinien. L'aide financière directe allouée par l'Union européenne à l'Autorité palestinienne a été suspendue suite à l'accession au pouvoir du Hamas considéré par l'UE et les Etats-Unis comme étant un mouvement terroriste. Mais cette suspension, sans atteindre ses objectifs d'isoler le Hamas, aura surtout été ressentie par les populations palestiniennes, plus que jamais démunies, comme une punition collective. Accueillant le président Abbas, Jacques Chirac a déclaré hier que l'aide aux Palestiniens «doit être maintenue pour des raisons humaines et politiques». Dans cette optique, le président français devait souligner que la France «plaidera son maintien (...) auprès de l'Union européenne», principal contributeur de l'aide aux Palestiniens avec 500 millions d'euros par an. M.Chirac a par ailleurs souhaité que «la distribution de cette aide soit juste et équitable» et qu'elle se fasse «en étroite coopération avec le président de l'Autorité palestinienne». Il semble que le président français ait suggéré l'idée de la création d'un fonds destiné aux Palestiniens qui sera géré par la Banque mondiale laquelle prendrait alors en charge la paye des 140.000 fonctionnaires palestiniens. Explicitant l'idée du président français, le porte-parole de l'Elysée, Jérôme Bonnafont, a déclaré hier que M.Chirac «a indiqué (à M.Abbas) que la France proposait à ses partenaires européens et internationaux (...) que l'on réfléchisse très rapidement à un dispositif qui permette la reprise de l'aide». De fait, dès l'arrivée de M.Abbas à l'Elysée, le président Chirac lui a affirmé: «S'agissant du problème de l'aide aux Palestiniens, l'aide humanitaire, l'aide technique, la France estime que cette aide doit être maintenue pour des raisons humaines et politiques et elle plaidera son maintien auprès de la communauté internationale et notamment auprès de l'Union européenne». Toujours sur ce chapitre de l'aide au peuple palestinien, le président français avait déjà estimé, la semaine dernière au Caire lors de sa visite dans la capitale égyptienne, «à la fois injuste et politiquement maladroit» de faire payer à la population palestinienne son vote en faveur du Hamas, et de s'affirmer «partisan du maintien de l'aide pour des raisons humanitaires et de justice». Dès la formation du gouvernement du Hamas, au début d'avril, l'Union européenne, tout en décidant la suspension directe à l'Autorité palestinien gouvernée par le Hamas, a néanmoins résolu de poursuivre «l'aide humanitaire» aux Palestiniens. Reste en fait la question de la distribuer aux populations et c'est là que le problème semble se poser, ce qui amena le président français à suggérer la création d'un fonds spécial géré par la Banque mondiale comme une solution médiane pour que l'aide arrive directement aux Palestiniens par le biais de la présidence palestinienne sans que cette aide transite par le gouvernement du Hamas boycotté par l'Occident. Dans une première réaction, hier, le Hamas refuse qu'il soit ignoré dans la gestion du salaire des fonctionnaires, a déclaré le ministre des Finances du Hamas, Omar Abdelrezaq qui indique: «En principe nous n'avons aucun problème avec la création de ce fonds mais il doit préserver les prérogatives du ministère des Finances quant au contrôle et la supervision des procédures financières». Certes, mais entre-temps, les fonctionnaires palestiniens -qui assurent les besoins de 23% de la population palestinienne- n'ont toujours pas perçu leurs salaires de mars et c'est cela qui préoccupe par-dessus tout le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui est en train de payer de sa personne pour faire éviter à son peuple la catastrophe humanitaire qui le menace.