Après avoir célébré de manière grandiose son titre de champion de Liga 2005-2006, le FC Barcelone a repris ses entraînements en vue de la finale de la champions ligue qui l'opposera à Arsenal demain à Paris. Les séances d'entraînement se déroulent sur le terrain de réplique dans l'enceinte même du Nou Camp et non sur celui situé à l'extérieur, histoire de minimiser le contact des joueurs avec leurs fans à l'heure d'une forte concentration. Le public, trié sur le tas, vient toutefois suivre de près son équipe en préparation. Les journalistes, aussi, en grand nombre sont là à l'affût de la moindre information.Les caméras et appareils photos sont alignés sur une longue distance, et dans leurs rotations nous sommes renseignés sur le choix des cibles, deux vedettes, à savoir, Ronaldinho et Eto'o. Eto'o, juste après un tir raté, crache. Il est de suite sujet à des commentaires pas très élogieux. On dit de lui qu'il a cette mauvaise manie et qu'il en abuse. Quant à Ronaldinho, bien ou mal réalisé, il sourit, commentaire d'un journaliste : « Il est Brésilien, donc de nature joyeuse, et en plus, il a une petite déformation bucco-faciale qui lui donne cet air de sourire permanent. » A la fin des exercices, le rituel des tirs au but instauré par Frank Rijkaard ne se fait pas attendre, plusieurs joueurs mettent à l'épreuve leur gardien Jorquera. Quand Ronaldinho s'avance, tout le public crie son nom. C'est l'euphorie pour un tir de penalty à l'entraînement, rien que ça. Eto'o, lui, est assis sur le gazon, entre Déco et Marquez. Puis il se lève et va vers les bois, lançant à Puyol : « Si tu marques, nous perdons contre Arsenal et si tu rates, nous gagnons. » Eto'o se met dans la cage, Puyol tire et rate. Eto'o crie « Ganumos ». Il sort du terrain et telle une corvée, il se plie à la séance des autographes qu'il liquide rapidement. Ronaldinho reste le dernier sur le terrain à jongler. Il sait qu'il est la vedette et que tous les « aficionados » l'attendent. Dès qu'il franchit la porte grillagée, tout le monde se rue vers lui. Loin d'être impressionné, il est au contraire accueillant. Il signe à tous des autographes, des photos souvenirs par- ci, des sourires et des poignées de main par-là, il avance prend le soin de prendre des bébés dans ses bras et de les embrasser. Il se trouve que les deux vedettes sont des hommes de couleur. Toutefois, on comprend fort bien que le racisme dans les stades en espagne n'est pas une question de couleur, mais plutôt de continent. Même un des agents de sécurité du FC Barcelone dira à une Française, pour lui indiquer les joueurs : « Ronaldinho, c'est celui qui a la queue de cheval et Eto'o, c'est ‘‘el negrito''. » Du football, les deux stars ont des visions différentes. Eto'o dira : « Le football, c'est mon plaisir et pour le satisfaire, on me donne beaucoup d'argent, énormément même. C'est extra. » La perception de l'apport du football chez Ronaldinho est différente. Il ne le voit pas comme un atout financier, mais plutôt comme un bien-être socio-familial. il soutiendra : « Grâce au football, j'ai connu le joueur Roberto, et je me suis marié avec sa sœur qui m'a donné un fils qui s'appelle Joao, il a déjà 14 mois. C'est cela ma fortune. Je souhaiterais qu'il soit un grand footballeur comme son père et son oncle. » Mais à voir les façades des murs de la capitale catalane et les espaces publicitaires, Ronaldinho est sur toutes les publicités de boissons, yaourts, voitures et autres. Par contre, Eto'o est presque absent de la publicité, pour ne pas dire totalement. Là aussi, la palme du vedettariat revient au Brésilien. Enfin, le seul côté positif qui prime pour Eto'o, c'est qu'il a marqué 25 buts lors de ce championnat alors que Ronaldinho n'en a inscrit que 16. Mais à chacun son rôle et chacun son destin.