Le Premier ministre français, lors d'un débat à l'Assemblée nationale sur la crise syrienne, a invoqué la nécessité de donner un «coup d'arrêt» à toute velléité d'utiliser des armes de destruction massive en Syrie l L'opposition n'est pas convaincue. Paris. De notre correspondant
Face à la barbarie, la passivité ne peut être une option, pas pour la France en tout cas», a dit le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui a reçu sans surprise le soutien du groupe socialiste, majoritaire, et celui, plus nuancé, de ses partenaires Verts au gouvernement. «Ne pas réagir, c'est laisser Bachar Al Assad poursuivre ses atrocités, encourager la prolifération et l'emploi d'armes de destruction massive, abandonner la Syrie et la région tout entière au chaos et céder aux menaces.» Jean-Marc Ayrault a admis qu'une autorisation explicite du Conseil de sécurité de l'ONU serait certes souhaitable, «mais regardons la réalité en face. Depuis deux ans et demi, la Russie et la Chine ont bloqué toute réponse à la tragédie syrienne». Sa démarche n'a pas recueilli l'unanimité. M. Ayrault n'a cependant pas convaincu l'opposition de soutenir une démarche qui a peu de chances d'avoir le feu vert de l'ONU. Tout en dénonçant l'horreur des attaques chimiques contre des civils attribuées au régime de Damas, UMP et centristes ont accusé François Hollande d'être à la remorque des Etats-Unis et de rompre avec la diplomatie traditionnelle de la France. Ils ont trouvé dans le Front de gauche – opposé par principe à toute action militaire et qui exige comme eux un vote au Parlement – un allié de circonstance. Le président du groupe UMP a opposé un triple refus au chef du gouvernement : «Refus d'une action strictement militaire sans but réel de guerre au-delà d'un coup de semonce et d'une punition, refus d'une intervention isolée sans légitimité internationale, refus d'un reniement de notre politique étrangère.» Il a réaffirmé que l'UMP ne pourrait soutenir la participation de la France à une action militaire qu'à deux conditions préalables : la publication du rapport des experts de l'ONU chargés d'enquêter sur l'usage d'armes chimiques en Syrie et le vote d'une résolution du Conseil de sécurité. «Le président de la République n'a pas reçu mandat de s'affranchir du cadre des Nations unies ; si d'aventure il venait à prendre cette lourde responsabilité, les députés UMP ne le soutiendraient pas», a ajouté Christian Jacob. «Pour assurer la paix, il n'y a que le droit. Le temps des expéditions punitives de quelques puissances relève d'une époque révolue», a ajouté le centriste Jean-Louis Borloo. François Hollande, sans exclure un vote au Parlement, campe sur sa position.