Le président français, François Hollande, est en quête d'une coalition, qui peine à se constituer, pour intervenir militairement contre le régime de Bachar Al Assad. Se sentant esseulé après les tergiversations du président américain, Barack Obama, qui a sollicité le Congrès pour obtenir un feu vert qui lui servira de couverture pour une éventuelle intervention en Syrie, François Hollande se tourne vers l'Europe. A la veille de l'ouverture d'un débat général au Parlement français sur la question, il appelle les pays de l'Union à s'unir sur le dossier syrien. Il se dit même confiant que le vieux continent «le fera». Le président François Hollande doit aujourd'hui amèrement regretter de s'être précipité dans l'annonce de son engagement dans une intervention militaire en Syrie, se retrouvant ainsi piégé, avec un risque d'isolement de la France sur la scène internationale. La situation est assez embarrassante, voire humiliante pour le président français qui doit, en sus, essuyer les critiques sur le plan national. La revue Le Point, dans son édition d'hier, a tenté de comprendre les raisons qui ont poussé le président français à s'engager aussi imprudemment dans l'intervention militaire. «L'un des motifs le moins avouable, écrit l'éditorialiste Philippe Tesson, procède à l'évidence d'un calcul politique consécutif au succès de l'opération malienne. On peut supposer que cet avantage lui soit monté à la tête. Le président de la République a sans doute vu dans l'engagement contre la Syrie l'occasion de consolider sa stature naissante de chef de guerre.» Et d'ajouter : «Sur le plan national, François Hollande n'en sort pas renforcé, c'est le moins que l'on puisse dire. Le consensus qui avait entouré l'opération malienne est brisé. Et pour cause : intervenir au Mali était dans l'intérêt et dans les moyens de la France, intervenir en Syrie serait contraire à l'intérêt de la France.» Le gouvernement de gauche tente, malgré tout, de garder bonne figure et de tenir un discours constant. Le Premier ministre français a ainsi reçu, hier, les représentants des groupes parlementaires à Matignon pour leur présenter des «preuves» incriminant le régime de Bachar Al Assad, mais si les soutiens à l'intervention sont convaincus, les élus de droite restent dubitatifs. Il y a, tout de même, une petite reculade du président François Hollande qui n'exclut pas désormais de demander un vote du Parlement, réclamé avec insistance par l'opposition, sur l'engagement français en Syrie, a indiqué hier un ministre, laissant cependant entendre qu'il ne pourrait avoir lieu qu'après celui du Congrès américain. Un vote des parlementaires français n'est «pas un sujet tabou pour François Hollande», a déclaré le ministre des Relations avec le Parlement Alain Vidalies, interrogé sur la radio RTL. Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a pour sa part souligné : «La France n'ira en Syrie que dans le cadre d'une coalition.» Le fait est que malgré l'évocation d'une possible «action unilatérale» sans le Royaume-Uni, le refus des parlementaires britanniques de participer à une opération internationale sans l'aval de l'ONU – bloquée par la Russie et la Chine – a refroidi les ardeurs du président américain. Si la France a bien annoncé qu'elle était prête à participer à des frappes contre le régime syrien, Barack Obama craint tout de même d'être isolé sur la scène internationale et recherche encore des alliés pour sa coalition. De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a exclu une nouvelle fois, hier, la participation de l'Allemagne à une intervention militaire en Syrie, appelant à un consensus international lors du prochain sommet du G20 en Russie. «Nous disons clairement que l'Allemagne ne participera pas à une action militaire (en Syrie), mais nous ajoutons que nous voulons faire tout ce qui est possible (...) pour avoir une réponse unifiée de la communauté internationale», a déclaré la chancelière lors d'un débat des députés du Bundestag (Parlement). Ne reste plus, sur le champ de bataille, que François Hollande et Bernard Henry-Lévy, philosophe et libérateur des peuples à ses heures perdues, qui n'a pas manqué de demander, dans une tribune publiée hier par Le Monde, à Barack Obama de placer la question syrienne au cœur du G20 en Russie ou, à défaut, de ne pas s'y rendre. La situation est telle que François Hollande fait face au mieux à quelques moqueries, au pire à de cruelles diatribes. «Ainsi, écrit encore Philippe Tesson, si la guerre n'a pas lieu, François Hollande pourra-t-il se targuer d'avoir été empêché de la faire non pas par la volonté de la nation, mais par la démission de ses alliés. Héros par défaut !»