Le Jordanien Taleb Rifai est secrétaire général adjoint de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). Participant à un séminaire international à Alger sur la mise en place et le renforcement de systèmes compétitifs visant à la qualité du tourisme, il nous a livré son éclairage sur l'avenir du secteur. Peut-on avoir une idée sur l'évolution du tourisme dans le monde. Le tourisme est devenu la première industrie dans le monde, et le secteur connaît, sans le moindre doute, le plus fort taux de croissance. En 2005, on a enregistré plus de 800 millions de touristes. L'ensemble des recettes touristiques a dépassé les 500 milliards d'euros. Cela veut dire que la croissance dans ce secteur mérite tout notre intérêt. En Algérie, les potentialités sont énormes même si elles restent sous-exploitées. Votre pays a réalisé ces dernières années un taux de croissance appréciable, mais le nombre de visiteurs et les recettes restent modestes au regard des potentialités. Les caractéristiques du tourisme algérien doivent devenir des arguments concurrentiels. Nous fondons de grands espoirs sur l'Algérie pour qu'elle soit un leader dans la région méditerranéenne. Comment l'Algérie pourra-t-elle rivaliser avec les autres pays ? Ses potentialités favoriseront son entrée dans le monde de la compétition. Il faut cependant une volonté politique, et une décision claire qui stipule que le tourisme est important et qu'il n'est pas un secteur secondaire. Quand cette volonté s'exprime, les autres aspects seront plus faciles à mettre en place. Est-ce le cas pour notre pays ? Nous avons perçu en tout cas cette volonté avec force et d'une manière claire. Si le secteur est bien développé et bien planifié, il pourra être un pilier de l'économie d'une manière générale. Qu'en est-il du tourisme arabe ? Le tourisme arabe reste circonscrit à certains pays qui sont la locomotive. Il ne dépasse pas actuellement 4% des flux touristiques mondiaux. Au vu des potentialités existantes, le tourisme arabe est en retard. Il faut avouer qu'en dépit de toutes les crises et les problèmes qui secouent la région et qui sont un facteur non encourageant parfois, le tourisme arabe a augmenté de 7% l'année dernière. Cela veut dire que le tourisme a un avenir et qu'il ne s'agit pas d'une industrie périssable. Quels sont les prochains défis de l'OMT ? L'un des grands défis de l'OMT est la gestion des crises qui a besoin de compétence particulière. Le monde vit des crises épisodiques ou des catastrophes naturelles et il faut y faire face. L'autre défi est le coût de l'énergie qui est devenu un facteur de blocage devant l'essor du tourisme, surtout le coût des hydrocarbures. Il faut imaginer des solutions novatrices pour permettre le déplacement à moindre coût des touristes.