Kaze Tachinu (Le vent se lève), le très beau film animé du Japonais Hayao Miyazaki, n'est pas un film de guerre mais il évoque le génie des ingénieurs qui ont conçu les avions présents dans le ciel de Pearl Harbor. La Mostra l'a montré en compétition pour le Lion d'Or. Venise( Italie). De notre envoyé spécial Hayao Miyazaki est le cinéaste le plus célèbre du Japon, auteur d'une dizaine de films d'animation comme Le Voyage de Chihiro, Ours d'Or au festival de Berlin 20002 et la même année Oscar du meilleur film d'animation. On l'a surnommé le Walt Disney du Japon. Le Vent se lève raconte le destin fabuleux de Jiro, un jeune Japonais passionné d'aviation qui rêve d'être pilote et de construire de nouveaux modèles d'avions. En 1927, Jiro est recruté par une grande compagnie japonaise et au fil des années d'expérience il devient très célèbre par ses inventions. Ses modèles franhissent bientôt les frontières du pays. Avec une belle Japonaise nommée Nahoko qu'il épouse par amour, il poursuit sa passion et fait une longue carrière comme constructeur d'avions, une période pourtant difficile marquée par les guerres, les épidémies, les séismes. Hayao Miyazaki a aussi grandi au Japon alors que le pays souffrait des affres de la guerre et de l'après-guerre. Au départ, Miyazaki était un auteur de Mangas. Puis il a fondé un studio d'animation avec un autre cinéaste, Isao Takahata. Grâce aux studios Ghibli, Miyazaki a produit ses propres films et a beaucoup aidé les jeunes auteurs de dessins animés au Japon, avec une exigence très élevée sur la qualité du scénario, de la techinque et de l'esthétique d'animation. «Le vent se lève, il faut tenter de vivre» : c'est une phrase du poète français Paul Valéry qui a vécu au Japon. Cette phrase revient sans arrêt comme un leitmotiv dans le film de Miyazaki pour souligner le courage du héros, son obstination, sa volonté et sa grande tenacité. Le personnage de Jiro a existé réellement. Il s'appelait Jiro Hori Koshi. C'était un des pionniers de l'aviation japonaise. Il a affronté tant d'obstacles personnels, souvent malade, et collectifs : tremblement de terre de Tokyo en 1923 et le terrible incendie qui a suivi. Il y a eu aussi à la même période une calamiteuse épidémie de tuberculose. En dépit de tout cela, le héros du film, comme le personnage qui l'a inspiré, tient le cap. Le récit emprunte la suite à la réalité : Jiro est embauché par la grande firme Mitsubushi entre les deux guerres. C'est lui qui est l'inventeur du fameux avion appelé Mitsubushi Chasseur Zéro, en première ligne de l'attaque japonaise contre la marine et l'aviation américaines dans le port de Pearl Harbor à Hawai le 7 décembre 1941. A la suite de quoi Roosevelt a décidé l'entrée des Etats-Unis dans la guerre mondiale. Mais Miyazaki n'a pas fait un film de guerre. Pearl Harbor n'est qu'un épisode de la saga des constructeurs d'avions japonais auxquels il rend hommage. Dans le programme de la Mostra 70, Le Vent se lève est apparu comme une œuvre magnifique, une embellie par la beauté, la pureté de l'histoire, de la mise en scène, des dessins. Il y a chez Miyazaki de constantes références à la peinture impressionniste avec des scènes d'une nature luxuriante, rivières, forêts, nuages... Mais il y a aussi la présence d'éléments de la nouvelle modernité qui marque le paysage japonais urbain : trains, autos, tramways, vélos, costumes, cravates dans les rues de Tokyo. En plus des avions dans le ciel du Japon.