L'absence d'un minimum de commodités contraint de nombreux villageois à quitter leurs localités. Les villageois de la commune de Saharidj, 50 km à l'est de Bouira, continuent toujours de fuir les localités rurales pour aller s'installer dans des centres urbains les plus proches où le train de vie leur semble moins pénible. Comme c'était le cas dans les années 1990, avec la poussée du terrorisme islamiste, le manque de sécurité et autre absence de commodités. Des villages entiers ont été désertés alors par leurs populations, à l'instar d'Ighzer Iwaquren, Ivelvaren, Ath Ali Outhmim, etc. Aujourd'hui, malgré une certaine amélioration des conditions de vie et de sécurité, les villageois n'ont pas regagné leurs maisons. A Mzarir, au nord-ouest de la commune, ce sont les chutes de pierres qui contraignent les villageois à quitter leurs habitations. Ainsi, dans la plupart des villages de la commune, la population ne cesse de diminuer, comme le démontrent des statistiques établies par l'APC. Au début des années 1990, la population de la commune avait franchi le nombre de 12.000 habitants. Aujourd'hui, au dernier recensement, cette municipalité ne compte pas plus de 8.000 habitants, ce qui montre que plus de 1.000 personnes ont quitté Saharidj. «Nous sommes peut être la seule commune où le nombre d'habitants a régressé au lieu d'augmenter», nous fera remarquer le maire de Saharidj, Ali Belkacemi. Ce phénomène est dû en grande part au facteur économique, lorsqu'on sait qu'il n'existe quasiment pas d'offres d'emplois dans cette région, à cause, particulièrement, de l'absence d'investissement. L'agriculture de montagne n'assure aucune rentabilité, pendant que la misère chez les villageois prend de l'ampleur. Même les deux projets d'envergure relatifs à l'extension de la zone touristique (ZET) de Tala Rana et celui de mise en bouteille de l'eau de source de Laïnçar Aberkane n'ont pu être concrétisés en raison des entraves bureaucratiques. Depuis des années, ces dossiers rouillent dans les placards de la wilaya. «Et dire que si le projet de mise en bouteille de l'eau avait été réalisé, il aurait pu, à lui seul, assurer la création de 600 postes d'emploi directs pour les chômeurs de la commune», déplore le maire. Des investisseurs dans le secteur du tourisme se sont rapprochés de l'APC. Ils ont été orientés vers le Calpiref (Comité d'assistance locale pour la promotion de l'investissement et de la régularisation du foncier). Dans le blocage de ces derniers, l'APC pointe du doigt le Parc national du Djurdjura (PND). «Les services du PND ont déserté les lieux et n'encouragent plus l'activité touristique, comme ils n'impliquent pas le citoyen dans la protection de l'environnement», ajoute notre interlocuteur. D'autres problèmes encore freinent toute tentative de sortie du sous-développement, tels que le manque de moyens financiers ou matériels. «Il nous faut de grands moyens pour avancer. La municipalité est pauvre, son budget annuel est de l'ordre de 1,6 milliards de centimes. Dans ce domaine, je conteste aussi la répartition des programmes communaux de développement (PCD), car elle n'est pas équitable», s'insurge l'élu en question. Ce manque de moyens est aussi à l'origine de la mauvaise collecte des ordures ménagères à travers les villages et y compris dans le chef-lieu de la commune. Dans le cas où cette situation perdure, les risques de maladies ne sont pas à écarter.