La question du développement rural n'est pas nouvelle ni spécifique à l'Algérie. Comparée à ce qui a été fait en la matière dans les pays voisins, la politique de développement rural apparaît comme un alibi à travers lequel les pouvoirs publics algériens ne cherchent qu'à convaincre leurs partenaires étrangers de leur volonté à innover en matière de politiques de développement. Pour ne citer que les avancées réalisées au sein de l'Union européenne dans le domaine du développement rural, la politique agricole commune (PAC) illustre parfaitement la cohésion et la coordination parfaite des actions menées en faveur de la mise en valeur des territoires ruraux et la promotion des populations locales. Le préambule de la PAC, lui seul, synthétise le rôle assigné au moins depuis une décennie au développement rural. Il y est souligné : «Le développement rural, devenu le deuxième pilier de la politique agricole commune, a été réformé à diverses reprises. Ces réformes ont visé à améliorer la compétitivité de l'agrosylviculture, à renforcer les liens entre l'activité primaire et l'environnement, à améliorer la qualité de vie dans les zones rurales, et à encourager la diversification de l'économie des communautés rurales». Au niveau de la mise en pratique des actions contenues dans la politique de développement rural européenne, le professeur Philippe Pierre Cornet de l'INRA (Institut français de la recherche agronomique) citera huit principes à ne pas perdre de vue pour réussir la mise en œuvre de la politique en question, dont «une approche territoriale et ascendante de développement, la coordination et la concertation entre les groupes d'acteurs locaux à travers la mise en réseaux, l'intégration multisectorielle et surtout la gestion décentralisée du financement.» Pour ce qui est de la provenance des financements pour la prise en charge des actions de développement rural, le professeur Cornet citera l'exemple de la France où les financements affectés aux territoires proviennent respectivement des fonds européens à hauteur de 45%, des fonds publics nationaux (30 à 45%) et des participations privées mobilisées par les porteurs de projets allant de 8 à 30% selon la nature du projet et les capacités financières des acteurs locaux. L'Algérie est-elle en mesure de mettre à niveau ses politiques de développement rural pour atteindre un tel niveau de coordination et de visibilité ? Beaucoup reste à faire.